Depuis son apparition sur les radars, la Patta x Nike Air Max 90 Waves a déclenché un raz-de-marée d’enthousiasme. Le courant dominant est clair : la majorité de la communauté sneaker a mordu à l’hameçon. Pourtant, quelques voix dissonantes s’élèvent, à contre-courant, pointant certaines limites d’une silhouette. Décryptage d’une collaboration qui agite la surface, mais ne fait pas forcément trembler les abysses.
Une vague de fond portée par un héritage puissant
Difficile de nier la force de frappe symbolique de cette paire. Patta, fort du succès de sa série The Wave sur Air Max 1 en 2021, revient avec une vision affirmée : onduler, encore, mais sur une autre mer. Cette fois, cap sur la Air Max 90, une icône au squelette plus anguleux, plus structuré. La marée est haute : la paire s’arrache dès sa sortie, les réseaux bruissent, les revendeurs hissent les prix. On sent que l’élan est là, puissant comme un courant d’alizé. La majorité des amateurs, séduits par la référence aux collabs précédentes, saluent l’audace de naviguer sur une silhouette différente, réputée plus difficile à dompter. Mais tout n’est pas aussi lisse qu’une mer d’huile.
Des remous sous la surface : une structure qui peine à surfer
Car dans cette houle d’adhésion générale, quelques critiques émergent, comme des récifs affleurant sous la ligne de flottaison. Certains puristes, à la loupe affûtée, remettent en question l’adaptation du design « wave » à la Air Max 90. Là où la Air Max 1 offrait un garde-boue étiré, presque calligraphique, propice à l’ondulation, la AM90 impose une architecture plus fragmentée. Le mudguard, plus court, plus découpé, bride l’effet de vague, le réduit à un mouvement haché. Le fluide devient saccade. En d’autres termes : la mer est plus agitée que prévue. Certains voient dans ce choix une tentative courageuse, mais mécaniquement limitée. Un surfeur qui choisirait un spot mal orienté : la planche est bonne, l’intention est là, mais la vague ne déferle pas comme espéré.
Une palette qui manque un peu de sel
Autre motif de clapotis : les coloris. Si les tons Sapphire ou Cyber Green ont leur charme, ils n’ont pas cette intensité chromatique qui faisait le sel des premières Waves. Pas de vrai tube chromatique comme la Monarch ou la Noise Aqua. Ici, l’écume est plus calme, la palette plus tempérée. Certains regrettent un manque de profondeur, un manque de contraste, comme si l’eau était tiède là où elle aurait dû être bouillante. Une tempête attendue, mais qui se contente de frisottis. Le résultat est propre, maîtrisé, mais certains espéraient une montée des eaux plus spectaculaire, un tsunami esthétique plus assumé.
Patta x Nike Air Max 1 Waves Monarch @hlckicks
L’ombre verte de la Homegrown : une houle passée toujours vivace
Difficile aussi d’évoquer cette paire sans faire remonter à la surface un fantôme du passé : la mythique Patta x Nike Air Max 90 Homegrown de 2006. Une collaboration culte, drapée d’un vert inspiré de la culture cannabis néerlandaise, aussi provocante qu’inspirée. Une marée verte qui avait emporté tout sur son passage. Face à ce précédent glorieux, la Air Max 90 Waves semble, pour certains, moins charismatique. Une houle bien dessinée, mais sans le même courant souterrain, sans le même sel subversif. On navigue ici en eaux plus sages. Le bateau est bien construit, mais manque peut-être d’un vent créatif fort pour vraiment prendre le large.
Patta x Nike Air Max 90 Homegrown @the_kicks_room
Une vague déjà vue ?
Et si le problème venait de là ? D’un effet de déjà-vu ? Le concept des « waves », aussi séduisant soit-il, n’est plus une nouveauté. Il a connu son acmé avec la série AM1. En le transposant à une autre silhouette, Patta prend le risque de l’essoufflement. Certains rappellent même qu’avant cette collab, une autre paire faisait déjà des vagues : la Nike Air Max 90 Tokyo Harajuku VT de 2015. Une silhouette aux lignes moulées, plus fluides, plus novatrices encore. Une paire qui anticipait la houle actuelle, mais qui n’avait pas bénéficié du même vent marketing. Comparée à elle, la Air Max 90 Waves paraît pour certains plus prudente, presque en mode cabotage.
Nike Air Max 90 VT Tokyo Harajuku Crepe @ilhaamsara
Une marée haute, mais pas un raz-de-marée
Reste une réalité : cette collab se vend bien, est plébiscitée par une majorité, et pour cause. L’exécution est sérieuse, le partenariat est solide, l’héritage est respecté. On ne parle pas ici d’un naufrage, ni d’une coquille vide. Plutôt d’un navire bien lancé… mais qui n’a pas encore trouvé son vent de travers. La majorité embarque sans rechigner, les vagues font leur office. Mais dans les criques de la culture sneaker, certains continuent de scruter l’horizon, à la recherche d’une marée plus haute, plus déchaînée, plus radicale. Et leur point de vue mérite d’être entendu.
En guise de boussole : et maintenant ?
Cette Patta x Nike Air Max 90 Waves est une étape, pas un sommet. Une embarcation soignée, fidèle à une identité forte, mais qui interroge aussi les limites du recyclage conceptuel. Jusqu’où peut-on décliner une idée sans l’épuiser ? Quand faut-il changer de cap, lever l’ancre vers des rivages inexplorés ? Peut-être est-il temps, pour Patta et Nike, de quitter les eaux familières des « waves » pour naviguer vers une nouvelle mythologie visuelle. Car les vrais explorateurs ne refont pas cent fois le même trajet. Ils cherchent l’Atlantide. Et vous, cette Air Max 90 Waves : frisson de marée ou calme plat ? Plutôt mer d’huile ou houle prometteuse ? On vous attend dans les commentaires pour faire mousser le débat.
Photo de la couverture : @scarpe.pod
La Nike Air Max 90 VT Tokyo est largement au dessus, pour ma part je n’aime pas du tout cette version