On parle souvent des collaborations comme de simples coups marketing. Des drops calibrés pour générer du buzz, de la hype, et surtout des euros sur le marché secondaire. Mais il arrive, rarement, qu’une collab transcende son époque. Qu’elle s’impose comme une réinterprétation brillante de l’histoire. La Off-White x Air Jordan 1 UNC, sortie en 2018, en fait indéniablement partie. Et maintenant que la AJ1 UNC Reimagined se profile pour 2025, à l’occasion des 40 ans de la silhouette de Peter Moore, c’est le bon moment pour se replonger dans ce bijou signé Virgil Abloh. Une paire qui a su conjuguer symbolique et déséquilibre maîtrisé comme peu d’autres.
La AJ1 UNC, c’est avant tout une histoire de racines
Avant de devenir Sa Majesté en NBA, Michael Jordan a brillé sous le maillot bleu ciel de North Carolina. C’est là qu’il a inscrit le tir de la victoire lors de la finale NCAA 1982. Là qu’il a commencé à écrire sa légende, avant même d’enfiler une paire de Jordan.
Le coloris « Powder Blue » est donc bien plus qu’un simple combo blanc/bleu pastel. C’est un hommage aux fondations du mythe Jordan. Et c’est exactement ce que Virgil Abloh a su capter avec cette version UNC : l’émotion derrière la couleur.
2018 : le drop d’une Jordan pas comme les autres
On est en juin 2018. Virgil vient de dévoiler sa vision de la Nike Zoom Fly inspirée du football. Mais le feu d’artifice ne fait que commencer. Le 23 juin, une troisième itération de sa Air Jordan 1 déstructurée débarque. Après la Chicago du pack The Ten et la Triple White, place à cette version Carolina Blue, vendue 180 euros sur Nike Store.
Comme souvent avec Off-White, la release est un cauchemar logistique. Bots, files d’attente interminables, et W très limités. Résultat : la paire devient instantanément un graal du game, trustant les feeds Instagram des collectionneurs du monde entier.
Un design déséquilibré, mais terriblement cohérent
Avec cette Jordan 1 UNC, Virgil ne change pas sa recette, il la perfectionne. On retrouve les marqueurs de sa ligne « The Ten » :
- un Swoosh surpiqué façon prototype;
- des inscriptions industrielles sur le quart intérieur;
- le fameux “AIR” sur la midsole;
- les lacets flanqués du mot « SHOELACES »,
- et bien sûr, le zip tie rouge, signature devenue culte.
Mais là où la version Chicago jouait la carte de la nostalgie, la UNC propose un équilibre plus léger, plus lumineux. Le bleu ciel, couplé au blanc cassé et aux renforts en mousse apparente, donne à la paire un côté estival, presque naïf. Un contraste parfait avec le design brutaliste du reste.
Une collab du même acabit qu’une Jordan 1 x Union
Les puristes ne s’y trompent pas. Cette Off-White UNC, c’est du même niveau que la Jordan 1 x Union « Storm Blue ». Deux paires qui déconstruisent le mythe sans jamais le trahir. Deux réinterprétations qui ont compris que la Jordan 1, ce n’est pas juste une chaussure : C’est un emblème culturel.
On retrouve d’ailleurs une même attention portée aux détails, une même maîtrise de l’asymétrie. Chez Union, le col en fausse couture. Chez Virgil, le swoosh flottant. Deux visions, mais une même exigence.
Une influence durable, un prix stratosphérique
Aujourd’hui encore, la Off-White x Air Jordan 1 UNC reste une des meilleures collabs jamais faites sur une AJ1. Elle a ouvert la voie à une nouvelle vague de designers, de Salehe Bembury à Martine Rose, qui osent déconstruire, hybrider, perturber les codes établis.
Quant au marché du resell, il est sans pitié : comptez plus de 2000 euros en deadstock sur les plateformes (ça reste moins élevé que le tarif d’une AJ1 Dior). Un prix qui traduit à la fois la rareté, la qualité du design, et le poids émotionnel du modèle.
Pour les vrais, il y a des détails qui ne trompent pas
- Le bleu utilisé n’est pas un simple « University Blue ». C’est une teinte légèrement délavée, plus mate que sur les AJ1 classiques.
- Le col en mousse apparente tranche avec le côté clinquant des autres Off-White. Ici, on est sur quelque chose de brut, de presque artisanal.
- Le placement du Swoosh, volontairement désaxé, rappelle les croquis en phase de prototype.
- Et puis, il y a cette ligne orange, minuscule mais parfaitement visible, qui vient fixer le swoosh et injecter une touche d’urgence dans la composition.
En 2025, la boucle sera (peut-être) bouclée
L’arrivée imminente de la Air Jordan 1 UNC Reimagined, prévue pour les 40 ans du modèle, ne fait que renforcer l’aura de la version Off-White. Car là où la Réimaginée cherchera à moderniser un classique avec les codes OG, la version 2018 de Virgil reste un manifeste artistique.
C’est une paire qui a redonné du souffle à la Jordan 1 sans jamais l’écraser. Une œuvre en mouvement, comme l’était Virgil Abloh lui-même.
Plus de six ans après sa sortie, la Off-White x Air Jordan 1 UNC reste une leçon de design. Une passerelle entre l’université de North Carolina, les podiums de Paris, et les playgrounds du Bronx. Pas besoin de surjouer la nostalgie : cette paire parle d’elle-même. Et même si je ne la possède pas, je la place au Panthéon, à côté des Jordan 1 Union et de la Fragment x Travis Scott. Si vous avez la chance d’en posséder une, gardez-la au chaud. Et sinon, bonne chance sur StockX.
Ce que les puristes lui reprochent
Mais soyons honnêtes : tout le monde ne vibre pas devant les créations de Virgil Abloh. Si la Off-White x Air Jordan 1 UNC est adulée par une large partie de la communauté, certains la trouvent tape-à-l’œil, voire mièvre. Le Swoosh décousu, les mentions “AIR” et “SHOELACES”, la mousse apparente… Pour les uns, c’est du génie déconstruit, pour les autres, du bricolage overhypé.
Et puis il y a les puristes. Ceux pour qui une Jordan 1 se doit d’incarner l’essence même du modèle OG : son ADN street, son héritage basketball, sa silhouette sans fioriture. Ceux-là lui préfèrent nettement les collabs de Chris Gibbs, notamment les Union LA x Jordan 1. Pourquoi ? Parce qu’elles retranscrivent avec justesse l’aura vintage de 1985, sans effet de manche. Pas besoin d’en faire trop quand on comprend le fond.
Bref, la AJ1 Off-White UNC, c’est la paire des hypebeasts pour certains, là où la Union LA serait celle des connaisseurs. Chacun son camp.
Pour ceux qui veulent s’offrir une Air Jordan 1 (sans se ruiner comme pour une Off-White), jetez un œil à la collection Jordan 1 sur le Nike Store : il y a encore de belles surprises.
Photos : @k.charo.a, @girldadkicks, @yuhki.93
Ça n’a pas l’air de blasé que les déclinaisons de couleurs se succèdent sur the ten.
Par contre, ça crie au manque d’originalité et ça fait clairement ressentir son agacement quand la v2 vois les couleurs se multiplier. La schizophrenie de ce game…