L’effondrement de la plateforme Kikikickz : liquidation judiciaire et conséquences

Dans l’univers des sneakers et des réseaux sociaux, la liquidation judiciaire de Kikikickz a fait grand bruit. Cette startup spécialisée dans la revente de baskets rares avait acquis une certaine notoriété au point de devenir une référence en France.

Les raisons de la faillite de Kikikickz

En premier lieu, la morosité ambiante. Certains l’annoncent depuis des années. La bulle aurait éclaté. Depuis trop longtemps, les paires se revendent à des prix éloignés de leur valeur réelle. La donne a changé. Les Air Jordan qui ont longtemps porté le marché ne font plus recette. Concernant la Nike Dunk, la marque au Swoosh a mis fin à sa politique de rareté. Les restocks s’enchainent. Le coup de grâce est venu de l’arrêt de la collaboration avec Kanye West. Aucun produit n’a remplacé la adidas Yeezy, le produit phare des resellers. Ajoutez à cela le fait que la saturation et la concurrence féroce. Les grandes marques et des enseignes mainstream investissant de plus en plus le marché des baskets exclusives, il devient difficile pour les petites structures comme Kikikickz de tirer leur épingle du jeu. La startup s’est retrouvée dépassée.

Une gestion désastreuse ?

Si on en est arrivé là, cela signifie que les difficultés couvaient depuis des mois. Invoquer uniquement la conjecture me parait difficilement recevable. Vous devez savoir que les plateformes de resell ont des petites marges. D’après le Monde, Kikikickz prenaient une commission de l’ordre de 10% à 20%. Par conséquent, il faut faire volume afin d’être rentable. Derrière, investir massivement en publicité s’avère indispensable pour se démarquer. Sur les réseaux sociaux (les influenceurs entre autres) et les moteurs de recherche (Google). Un point de son modèle économique m’interpelle : la vente de sneakers qui ne sont pas un stock. Lorsqu’une paire n’était pas disponible, un expert se chargeait de la trouver. Où et à quel prix ? Pendant la recherche, comment l’entreprise gère t-elle l’argent des clients ? La bonne gestion suppose qu’il soit bloqué dans la perspective d’un imprévu. Une prise de risque inconsidérée consisterait à s’en servir pour alimenter la trésorerie. Nous devrons attendre les résultats de l’enquête pour en savoir davantage. Kilian Dris va devoir s’expliquer. Parler d’une affaire Zadeh Kicks à la française me semble prématuré. Pourquoi Kikikickz  a-t-il continué à vendre tout en étant dans l’incapacité d’honorer les commandes ? L’activité était présentée comme florissante. Quelles décisions ont été prises pour que son entreprise finisse par crouler sous les dettes ?
La liquidation judiciaire met fin définitivement à son activité. Nous ne sommes pas dans le cas d’un redressement judiciaire. C’est à la justice de dire s’il y a eu escroquerie ou non.

Des clients frustrés qui risquent de rester sur le carreau

De nombreuses personnes attendent leur paiement ou une livraison. Des resellers y écoulaient leur marchandise. Pour certains, les sommes sont énormes. Selon l’article du Parisien, Kikikickz doit 14000€ à un dénommé Enrico. Il n’est pas le seul dans cette situation. D’autres croisent les doigts dans l’optique de recevoir un remboursement. Le plus troublant reste la communication de Kikikickz qui à ce jour n’a rien annoncé sur son site, Instagram ou Facebook. Je note un gros manque de transparence. Sa boutique en ligne demeure toujours active mais aucun achat n’est possible. La providence pourrait venir de Maître Chuine, l’avocat nommée liquidateur.

Les conséquences pour les adeptes de sneakers rares

Même si Kikikickz était un acteur mineur dans l’univers des sneakers, la liquidation judiciaire et sa disparition du marché va engendrer des problèmes. Le principal étant la confiance envers les plateformes de revente. ebay, Vinted ou Le Boin Coin, qui sont beaucoup plus fiables, seront les grands gagnants.

Leçons à tirer de la faillite de Kikikickz

Si la liquidation judiciaire de cette plateforme peut sembler anecdotique, elle souligne néanmoins l’importance pour les entrepreneurs et les clients d’être vigilants. Pendant de trop longues années, on a vendu du rêve : s’enrichir sans faire d’effort en vendant des baskets. L’absence d’éthique et la spéculation dessinent toujours un scénario dramatique. Je me souviens d’une discussion entre un aspirant reseller et un spécialiste de la sneaker. Ce dernier lui avait conseillé de garder son emploi. Il le mettait en garde contre l’éclatement d’une bulle qui engendrerait de nombreuses désillusions.

La fin de Kikikickz : un avertissement pour tous

Malgré sa notoriété au sein de la communauté des sneakers addict, Kikikickz n’a pas su résister à la pression du marché, ni à ses propres erreurs. Sa déconfiture doit servir de leçon pour les autres acteurs du secteur des baskets rares. Le pire est peut-être devant nous. Restocks a fait faillite la même semaine. Simple hasard ? Une fois encore, ça pose beaucoup de questions. Quelles sont les liens entre les sites de resell ? Sont-ils interdépendants ? Si tel est le cas, une crise systémique est à craindre. Un effondrement du système comme un château de carte deviendrait alors plausible. Tous les yeux sont actuellement rivés vers Wethenew. Who’s next ?

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Boss est le fondateur et rédacteur en chef de Sneakers-actus, qu'il a fondé en 2010. Comptant plusieurs millions de lecteurs depuis sa création, Sneakers-actus est un site français incontournable. Avec 15000 articles à son actif couvrant les sorties, les tendances et la culture, l'expertise de ce grand passionné n'est plus à démontrer. Son application et son expérience longue de 17 ans dans l'univers du blogging, lui permettent de vous livrer une analyse fine de l'actualité.

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6 commentaires

  1. Tant mieux pour les fans qui portent leurs paires. Le marché du resell a pris du plomb dans l’aile et on ne peut qu’espérer un effondrement total des autres plateformes de resell.
    Les spéculateurs trouveront un autre terrain de jeu et on pourra acheter les bons coloris pour les porter. Je ne vois jamais personne porter de paire quali dans la rue…

  2. Une nouvelle qui me fait plaisir à lire le lundi matin!

    Si wethenew pouvait suivre dans la foulée, ce serait si bon. Ces boîtes qui font de l’argent en revendant à des prix indécents ne méritent que cela.

    Si la bulle du resell pouvait exploser pour de bon et définitivement, ce ne sont pas les vrais passionnés qui s’en plaindront.

  3. Mérité, j’espère que les autres suivront. Une plateforme de revente rien contre, par contre des prix exorbitant, et surtout se prétendre « legit » par la notoriété alors que de milliers de paire contrefaite passe, et des gens loin de tout ça ce font clairement arnaqué depuis quelque année.

  4. Tout a été dit dans les commentaires… C’est jamais sympa de souhaiter l’échec des autres, mais… Quand on base son activité pro sur la crédulité et l’influençabilité des consommateurs (et notamment des plus jeunes) en leur faisant croire qu’on est là pour leur donner accès à des produits introuvables (alors que l’on est soi-même une des causes de cette pénurie), bah je vois ça comme un juste retour des choses que de voir ces gens là se planter…

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