Il y a des débats qu’on ne tranche jamais vraiment. Comme celui de la meilleure réédition. Mais s’il y a bien une silhouette qui cristallise toutes les passions, c’est la Air Jordan 4 White Cement. Depuis la première rétro en 1999, chaque drop est scruté à la loupe, disséqué, comparé, pour faire apparaître les différences. Alors, entre la version 2025 annoncée comme “la plus fidèle à l’OG”, et ses prédécesseures plus ou moins controversées, où placer le curseur ? Aucune paire ne se ressemble vraiment. Et c’est bien là tout l’intérêt. Démarrons sans plus tardons notre comparaison ultime.
1989, l’année zéro
Avant d’entrer dans le dur, petit rappel pour les nouveaux dans le game : la Air Jordan 4 White Cement sort en 1989, designée par le grand Tinker Hatfield. À l’époque, elle bouscule les codes avec son filet latéral, ses œillets plastiques façon pont suspendu, et surtout, ce coloris “ciment” moucheté, devenu culte.
1999 : la réédition de référence
On va poser les bases : la Air Jordan 4 White Cement 1999, c’est la Rolls-Royce des rééditions. Pourquoi ? D’abord, parce que c’est la plus proche de l’OG, shape équilibré, cuir d’excellente qualité et surtout le fameux Nike Air au talon, qui disparaîtra ensuite pendant quelques années. Un détail ? Pas pour les AJ4 addict. Ce logo représente la Madeleine de Proust du sneakerhead. Autre atout : le motif cement, plus dense, plus “sale”, presque brut. Une vraie vibe de 1989. Et un vrai collector aujourd’hui, tant la paire est devenue rare… et chère. Nécessitant parfois un sole swap.
2012 : l’épisode noir (ou presque)
La Jordan 4 White Cement de 2012 ressemble un peu à la saison 8 de Game of Thrones. Elle commence bien… puis déçoit. Jumpman au talon, languette grise très foncée, et surtout un shape très fin, avec un toebox pointu façon V. Le cuir est rigide comme du carton : même après des dizaines de ports, il bouge à peine. L’arrière gratte le mollet à cause d’un pull tab dur comme du plastique recyclé. Et pourtant, certains y ont cru. Comme si la AJ4 s’était mise au régime sans gluten. Le filet latéral est propre, très régulier, presque trop parfait. Mais ça manque de vie, de caractère. Le Jumpman est fin, la doublure de la languette ressort. Même les cornets gaufrés en plastique sont simplifiés, sans la pièce intermédiaire visible sur les modèles plus récents. Une paire au rabais ? Disons… une tentative vite datée.
2016 : la réconciliation (presque)
Nike tente de se faire pardonner en 2016 avec un retour du Nike Air. Sur le papier, il s’agit d’une bonne nouvelle. En vrai, le constat demeure plus mitigé. Le shape s’améliore un peu, mais reste allongé. Le cuir, plus souple que celui de 2012, plisse assez vite. Ce n’est pas gênant si on la porte, mais pour les puristes du display, ça pique un peu. Le cement est plus clair, les taches moins visibles. On note une toebox plus acérée, en V également. Le filet, lui, est bizarrement texturé, comme s’il avait avalé quelques bulles. Le Jumpman devient épais, presque bodybuildé. Et toujours ce porte-clé Jumpman, alors que le talon affiche fièrement le Nike Air.
Pour certains, cette Jordan 4 White Cement 2016 est une imposture : elle a l’apparence, mais pas l’âme. Un peu comme un reboot hollywoodien. Ça fait illusion… mais ça manque d’authenticité.
2025 : promesse tenue ?
On arrive à la Jordan 4 White Cement version 2025. Celle qui se veut la plus fidèle à la OG de 1989. Mission impossible ? Peut-être. Mais honnêtement, Jordan Brand a fait le taf. Le shape est plus massif, la toe box retrouve une forme plus ronde, plus U que V. Le cuir est épais et granuleux, bien meilleur que celui des versions précédentes, même s’il demandera un peu de rodage pour s’assouplir. Le filet est plus aéré, les mailles plus larges, plus respirantes.
La doublure derrière la languette est enfin cachée, comme sur les OG. Le Jumpman trouve un juste milieu : ni trop fin, ni trop stock. À l’arrière, le cement grey a une teinte équilibrée, avec des taches plus visibles, et un pull tab plus souple qui ne martyrise plus le tendon d’Achille. Côté finitions, la paire est plus rembourrée à l’intérieur, plus confortable. Elle semble un poil plus haute, sans perdre en équilibre. Le hangtag est en plastique rigide, dans l’esprit 89. Et même la boîte a été revue, plus solide, avec un papier de protection mouchetée. Du détail, oui. Mais du détail qui fait plaisir.
On ne refera pas la 1989. Mais 2025 s’en approche franchement, et redonne un peu de foi à ceux qui avaient juré ne plus jamais acheter une réédition.
Qui remporte le match ?
Si je devais trancher ? Pour moi, la hiérarchie est claire : la Jordan 4 White Cement de 1999 reste reine. Intouchable pour son équilibre entre shape, matériaux et fidélité. Mais la 2025 mérite sa place à la table. Celle de 2016 fait illusion, et la 2012… on n’en parle plus. Comme souvent avec les rétros, tout est question de détails. Et de feeling. À chacun sa préférée, mais cette 2025 risque bien de faire chavirer les puristes.
Air Jordan 4 White Cement 2012 (à gauche), 2016 (au milieu) et 2025 (à droite) via @iamtmcii
Air Jordan 4 White Cement 1999 vs 2012 vs 2016 via @scollard23
Source : @iamtmcii
