Comment une sneaker rouge et blanche a tout changé. Michael Jordan débarque en NBA avec aux pieds une paire qui va bouleverser la donne. Rouge, blanche, noire.Les couleurs des Chicago Bulls. Personne n’imagine encore que cette sneaker iconique va dépasser le simple cadre du basket. Quarante ans plus tard, la Air Jordan 1 Chicago reste la référence absolue. Mais pourquoi exactement ?
La réponse tient à un mélange rare : le bon design, au bon moment, porté par le bon joueur. Ajoutez-y un brin de controverse et beaucoup de chance. Décortiquons ensemble cette success story qui continue de faire vibrer les collectionneurs du monde entier.
L’essentiel à retenir en 30 secondes
- Peter Moore dessine la première Air Jordan 1 en 1984, le Wings logo naît sur une serviette d’avion
- Michael Jordan réalise une saison rookie historique avec 28,2 points de moyenne en 1984-85
- Nike vend 1,5 million de paires en six semaines contre 100 000 prévues
- La paire crée le marché de la revente sneakers, aujourd’hui industrie multimilliard
- Les Air Jordan 1 Chicago Retro sortent depuis 1994, la version Lost & Found de 2022 célèbre l’héritage
Un design qui brise les codes du basket
Peter Moore n’avait pas le droit à l’erreur. Nike lui confie la mission de créer la première chaussure signature de MJ. L’époque ? Les baskets de basket sont blanches. Toutes blanches. Ennuyeuses à mourir.
Moore décide de tout chambouler. Il dessine une silhouette haute avec un Swoosh surdimensionné. Le fameux Wings logo naît sur une serviette en papier, pendant un vol Portland-Chicago. Un coup de crayon qui vaudra des milliards.
Les couleurs posent problème dès le départ. Jordan lui-même déteste le combo rouge-noir. Trop proche des couleurs de NC State, les rivaux de son université. Il parle même de « couleurs du diable« . Sa mère Deloris le convainc finalement d’accepter.
Le cuir pleine fleur offre une qualité supérieure aux standards de l’époque. Les perforations sur le toe box apportent de la respirabilité. La semelle intérieure en Air cushioning fait sensation. Mais c’est surtout l’équilibre des trois couleurs qui fait mouche.
Rouge sur les overlays. Blanc sur la base. Noir pour le Swoosh et le col. Simple, direct, efficace. Cette harmonie visuelle permet à la paire de s’adapter à tous les styles. On peut la porter avec un jean, un short, même un costume. Cette polyvalence explique en partie sa longévité.
L’héritage Michael Jordan : plus qu’un joueur, un phénomène
La saison rookie de MJ reste dans les annales. 28,2 points de moyenne. 6,5 rebonds. 5,9 passes. Le titre de Rookie of the Year. Les Bulls retournent en playoffs après quatre ans d’absence.
Mais les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Jordan transforme chaque match en spectacle. Ses dunks défient la gravité. Son jeu inspire une génération entière. Les gamins veulent être comme Mike. Porter ce qu’il porte. Bouger comme lui.
Le mythe de l’interdiction amplifie le phénomène. Sauf que la vraie histoire diffère de la légende. La NBA n’a jamais banni la Chicago. C’est la Nike Air Ship, portée en préseason, qui posait problème. Trop de noir et rouge, pas assez de blanc selon le règlement.
Nike paie les 5 000 dollars d’amende à chaque match. Un coup de pub génial. La campagne « Banned » explose. Les gens croient que c’est la Jordan 1 qui est interdite. Le buzz médiatique devient incontrôlable.
Quand la Air Jordan 1 Chicago sort officiellement en avril 1985, le terrain est prêt. Nike prévoit 100 000 paires vendues. Ils en écoulent 1,5 million en six semaines. Les magasins sont dévalisés. À New York, les affiches publicitaires disparaissent des abribus. Volées par des fans en délire.
Cette sneaker iconique crée littéralement le marché de la revente. Avant elle, personne ne revendait des baskets au-dessus du prix retail. Après elle, toute l’industrie change. Un empire naît ce jour-là.
L’impact culturel : Du parquet à la rue
Le hip-hop adopte rapidement les Jordan. Run-DMC vient de sortir « My Adidas ». La culture sneakers explose. Les rappeurs comprennent que les chaussures sont un langage. Un moyen d’affirmer son identité.
La Air Jordan 1 Chicago devient vite un symbole au-delà du sport. Elle représente l’ambition. Le dépassement de soi. La rébellion contre les normes établies. Les jeunes des quartiers de Chicago la portent avec fierté. Les couleurs des Bulls résonnent dans toute la ville.
Les six championnats NBA des années 90 ancrent définitivement la légende. Jordan revient même jouer avec des AJ1 Chicago en 1998, lors de son dernier match au Madison Square Garden. Il inscrit 42 points. Ses pieds ? Dans des Chicago, évidemment. « Ma femme et moi, on a rigolé à la maison. On s’est dit qu’on allait à New York, autant ramener de vieilles chaussures », expliquera-t-il après coup.
Les collaborations maintiennent la flamme. Off-White réinvente le modèle en 2017 avec Virgil Abloh. Le Swoosh flotte, attaché par des fils bleus. Des citations couvrent la tige. La paire se revend aujourd’hui autour de 7 000 euros. Spider-Man porte des Air Jordan 1 Chicago dans Into the Spider-Verse en 2018. Trophy Room sort une version exclusive en 2021.
Culture sneakers : le must have des collectionneurs
Pourquoi la Air Jordan 1 Chicago domine-t-elle toujours ? Plusieurs raisons s’entremêlent. D’abord, Jordan Brand dose parfaitement les sorties. Pas de saturation du marché. Chaque rétro devient un événement.
La version Lost & Found de 2022 illustre cette stratégie. Le concept : retrouver une paire de 1985 oubliée dans un stock room poussiéreux. Le col craquelé imite le vieillissement naturel du cuir. La semelle jaunit volontairement. Même la boîte arrive abîmée, avec un couvercle dépareillé.
Cette attention aux détails fascine les puristes. Jordan Brand ne se contente pas de rééditer. La marque raconte toujours une histoire. Chaque version apporte sa touche personnelle tout en respectant l’original.
Le statut de Holy Grail s’explique aussi par la versatilité. Peu de sneakers traversent les décennies sans prendre une ride. La AJ1 Chicago le fait. Elle s’adapte à toutes les modes. Streetwear, workwear, même tailoring. Les créateurs de mode s’en inspirent. Dior, Louis Vuitton, tous regardent vers ce modèle.
Les prix sur le marché secondaire reflètent cette demande constante. Une paire de 1985 en bon état peut atteindre 30 000 euros. Même les rééditions récentes gardent de la valeur. La Lost & Found se négocie entre 300 et 400 euros, bien au-dessus de son prix de sortie.
Mais réduire la Air Jordan 1 Chicago à son prix serait une erreur. Ce qui compte vraiment, c’est la transmission. Les parents offrent des Chicago à leurs enfants. Les grands-parents se souviennent du premier titre des Bulls. Trois générations partagent cette passion. À Chicago, on ne dit pas « Jordan ». On dit « les Mikes ». Un surnom affectueux qui en dit long.
Une histoire qui continue
La Air Jordan 1 Chicago n’a pas fini d’écrire son histoire. Chaque réédition ramène son lot de nostalgie et de découvertes. Les jeunes collectionneurs comprennent vite pourquoi leurs aînés en parlent avec des étoiles dans les yeux.
Ce qui rend cette sneaker iconique, c’est son authenticité. Elle ne triche pas. Pas de sophistication excessive. Juste trois couleurs parfaitement équilibrées sur une silhouette intemporelle. La formule peut sembler simple. Elle est en réalité impossible à reproduire.
Quarante ans après, porter des Chicago reste une déclaration de style. Pas besoin d’expliquer le choix. Tout le monde comprend. Du collectionneur chevronné au néophyte curieux, chacun reconnaît ces couleurs. Cette paire raconte bien plus qu’une histoire de basket. Elle parle de passion, de culture, de transmission.
Et si vous croisez quelqu’un avec des AJ1 Chicago aux pieds aujourd’hui ? Faites-lui un signe. Vous venez de rencontrer un membre de la famille.
Questions fréquentes sur la sneaker iconique
La Air Jordan 1 Chicago a-t-elle vraiment été bannie par la NBA ?
Excellente question ! Non, jamais. C’est la Nike Air Ship qui posait problème. Trop de noir et rouge, pas assez de blanc selon le règlement NBA. Nike payait 5 000 dollars par match d’amende. La campagne « Banned » a transformé cette interdiction en or marketing. Le public a confondu Air Ship et AJ1. Le mythe perdure depuis quarante ans.
Combien valait la Air Jordan 1 Chicago à sa sortie en 1985 ?
Le prix boutique était de 65 dollars. Une somme importante pour l’époque, équivalent à environ 180 dollars aujourd’hui. Certains magasins les soldaient même faute de ventes initiales suffisantes. Personne n’imaginait qu’elles vaudraient 30 000 euros quarante ans plus tard. Le marché de la revente n’existait pas encore. La Air Jordan 1 Chicago l’a créé.
Quelle différence entre les rétros et la paire originale de 1985 ?
Les détails varient selon les versions. La forme du col change parfois. Les perforations diffèrent. Le branding évolue entre le Nike Air et le Jumpman. La version de 2015 reste la plus fidèle à l’OG. Les matériaux modernes offrent plus de confort. Mais l’esprit reste intact. Les puristes préfèrent évidemment l’originale de 1985.
Pourquoi la AJ1 Chicago reste-t-elle plus populaire que les autres coloris OG ?
Le timing parfait. La saison rookie explosive de MJ en 1984-85. Les couleurs des Bulls qui résonnent culturellement. Le mythe de l’interdiction qui a créé un buzz fou. Et surtout, l’équilibre parfait des trois couleurs. La Bred et la Royal sont mythiques aussi. Mais la Chicago combine tous les éléments au bon moment.
Combien se revend une paire originale de 1985 aujourd’hui ?
Entre 25 000 et 35 000 euros selon l’état de conservation. Les deadstock montent encore plus haut, jusqu’à 40 000 euros parfois. Les retros récents comme la Lost & Found tournent autour de 300-400 euros. Le marché reste très actif. La demande ne faiblit jamais. Chaque génération veut sa paire.
Photos : @yoshimarusneakers
