La performance qui veut parler lifestyle. Il y a des noms qu’on ne voit pas venir, et qui claquent comme un éclair dans un ciel dégagé. Goukana. Derrière ce mot doux d’origine japonaise, qui signifie « luxueux et moelleux », se cache la dernière expérimentation d’Adidas Originals. Une silhouette aussi inattendue qu’audacieuse, dévoilée en grande pompe lors de la La Fashion Week de mars 2025. Officiellement, c’est un hommage à la cité des anges. Officieusement, c’est une tentative très sérieuse de réconcilier performance et lifestyle. Et sur ce point, la Adizero Goukana n’est pas là pour faire de la figuration.
Une Adizero qui ne court pas… mais qui tape dans l’œil
Première remarque : la Goukana est une Adizero. Et ça, ce n’est pas rien. Parce que depuis ses débuts, cette gamme a surtout fait parler d’elle sur le bitume des marathons, pas sur les podiums ou les trottoirs des quartiers hype. Mais adidas l’assume : on est ici dans la ligne « OG L.A. », une collection capsule qui mêle archives sportives et influences californiennes. Federico Maccapani, le designer derrière le projet, ne cache pas son ambition : “20 ans d’innovation distillés dans une forme urbaine.”
L’inspiration vient en grande partie de la Adios Neftenga, une bête de course rendue célèbre par Haile Gebrselassie. C’est même un clin d’œil direct : la version jaune de la Goukana salue la paire du marathonien, et les bandes lenticulaires sur les côtés reprennent son design mythique. À cela s’ajoute un détail que seuls les puristes remarqueront : une broderie “Goukana” sur la languette, copiée d’une paire prototype jamais commercialisée. Du récit comme on l’aime.
Silhouette chunky, âme technique
Visuellement, la adidas Goukana se veut dans l’air du temps : grosse semelle exagérée, volumes imposants, combo de matières premium. Daim doux, mesh aéré, inserts réfléchissants, le tout monté sur une mousse Lightstrike directement issue de la course à pied. Résultat : un amorti ultra-léger, mais avec ce côté massif qui matche parfaitement avec un baggy ou un cargo oversized.
C’est rétro, mais pas poussiéreux. C’est technique, mais pas inaccessible. C’est le genre de paire qui assume d’avoir un gros héritage running tout en se frayant une place dans l’esthétique street actuelle. On sent le boulot derrière, même si l’approche initiale (un prototype ultra-radical, paraît-il) a été polie pour plaire à un public plus large.
Une paire pour les “curateurs”, pas les followers
Ce qui m’a vraiment parlé dans la com’ autour de la Goukana, c’est ce positionnement volontairement élitiste. Pas dans le sens snob, mais plutôt dans l’idée de parler à ceux qui savent. Pas besoin d’avoir vu un unboxing sur TikTok pour capter les références. adidas Originals vise ici un public qui feuillette des vieux catalogues plutôt que de scroller les commentaires. Des passionnés qui préfèrent une backstory solide à une collab bruitée sur Instagram.
Et ça se ressent jusque dans les petits détails : étiquette OG L.A. cousue à l’intérieur, embouts de lacets marqués « Los Angeles », drop en édition limitée chez Undefeated avant une sortie plus large cet été. La stratégie est claire : créer le manque, générer le désir, distiller l’offre. Classique, mais efficace quand c’est bien exécuté.
Et maintenant, on y croit… ou pas ?
Je vais être honnête : la Goukana me donne envie. C’est le genre de paire qui te fait te sentir un peu plus « insider », surtout si tu ne peux pas claquer 500 balles dans une Adios Pro Evo 1. Le shape est réussi, le mix archive et design contemporain fonctionne, et l’histoire tient la route.
Mais voilà, j’ai aussi mes doutes. On nous a déjà fait le coup de la running retro-futuriste lifestyle. La adidas Aruku, présentée comme un tournant en 2024, est déjà en promo un peu partout. Et je ne parle même pas de la New Balance WRPD, qui malgré une esthétique similaire et un énorme push, a eu du mal à séduire au-delà des initiés.
Pourquoi ? Peut-être parce que les gens préfèrent l’original à la version « inspirée ». Peut-être que cette manie de plaquer du lifestyle sur des modèles performance ne prend pas toujours. Ou peut-être que le public est plus difficile à duper qu’avant.
On attend… mais on regarde de près
Au final, la adidas Adizero Goukana a tout pour plaire sur le papier. De l’histoire, de la technique, du style, une vraie vision derrière. Mais ce genre de silhouette ne pardonne pas l’erreur. Si le sizing est bancal, si la matière fait cheap, ou si le drop est mal géré, l’effet soufflé peut vite retomber.
Moi, j’ai envie d’y croire. Mais je garde un œil critique. Parce qu’à force de chercher à hybrider tous les codes, certaines paires finissent par ne plus vraiment parler à personne.
Alors, Goukana ou pas Goukana ? Pour l’instant, je dis oui mais à condition qu’elle tienne ses promesses.
Source : FTNS
Photos : @wex & @kofromatatf
Pour découvrir la adidas Goukana Adizero et consulter les coloris disponibles, rendez-vous directement sur le site officiel d’Adidas.