Interdite, brûlée, ressuscitée : l’histoire vraie d’une Dunk SB plus terrifiante qu’un film d’horreur. Tu n’as pas besoin d’aimer les slasher movies pour frissonner devant cette paire qui revient nous hanter chaque vendredi 13. À mi-chemin entre objet collector et artefact maléfique, la Nike SB Dunk Low Freddy Krueger est la sneaker la plus mythique jamais interdite. Voici son histoire sanglante.
Qui est Freddy Krueger, et pourquoi il a hanté Nike
Je vais te dire un truc : je déteste les films d’horreur. Pas parce que c’est « trop gore » ou « trop flippant », mais parce que j’ai grandi avec deux monstres qui m’empêchaient de dormir : Pennywise et Freddy. Le premier, je l’ai vu une fois trop jeune à la télé ; le second, je l’ai découvert à travers des cauchemars. Littéralement.
via @solesensei
Freddy Krueger, c’est ce tueur d’enfants au visage brûlé, gant muni de lames, et pull rayé rouge et vert. Il ne t’attaque pas dans la rue, mais dans tes rêves. Et si tu meurs dans ton rêve… tu meurs pour de vrai. Créé en 1984 par Wes Craven pour A Nightmare on Elm Street, Freddy est devenu une icône du cinéma d’horreur. Un genre de boogeyman pour toute une génération. Et comme toute icône pop, il a fini par croiser la route du streetwear.
2007 : le Horror Pack de Nike SB, entre hommage et sacrilège
Halloween 2007. Nike SB veut frapper fort. L’équipe sort un « Horror Pack » taillé pour les amateurs de sensations fortes. Au programme :
- Nike Dunk SB High Jason Voorhees (inspirée de Vendredi 13);
- Nike Air Trainer 1 Dawn of the Dead;
- Nike SB Dunk SB Low Freddy Krueger.
Le concept est simple : rendre hommage à trois films d’horreur cultes via des sneakers au design évocateur. Sauf que Nike n’a pas pensé à un petit détail : les droits d’auteur. Et New Line Cinema, la société qui détient Freddy, ne rigole pas avec ça. Résultat ? Une lettre d’avocat (un bon gros cease and desist) qui stoppe net la sortie officielle. Pas de drop. Pas de release. Silence radio.
Légende urbaine ou réalité cramée ?
C’est là que le mythe commence. Nike, pour éviter un procès, aurait ordonné la destruction immédiate de toutes les paires envoyées en boutique. Selon la rumeur, certaines auraient été… brûlées. Ironique, non ? Brûler une sneaker inspirée d’un personnage… brûlé vif.
D’autres bruits courent : certaines paires auraient été recyclées. D’autres auraient mystérieusement survécu, tachées d’huile ou sans boîte, planquées par des employés ou vendues par erreur. Une boutique au Mexique aurait lâché 26 paires avant le rappel, avec la fameuse boîte dorée Nike SB. Aujourd’hui, impossible de savoir combien de paires sont encore en circulation. 30 ? 200 ? 300 ? Le mystère alimente la légende des Nike SB Dunk Low Freddy Krueger.
via @chaposjoints
Une sneaker cousue de cauchemars
Le design, parlons-en. Parce que même si Jason et les zombies étaient cools, la Dunk Freddy, c’est une masterclass. Chaque détail est un clin d’œil au personnage :
- toebox en tissu rayé rouge et vert : clin d’œil au pull de Freddy;
- cuir marron tâché de sang : ambiance slasher;
- Swoosh argenté métallisé : comme les lames de son gant;
- semelle intérieure : une texture qui imite la peau brûlée. Carrément;
- Semelle rouge sang translucide.
Et pour les puristes : trois versions existeraient.
- La version finale, avec parfois des rayures bleues.
- Un prototype (10 ex.), avec des taches noires en plus.
- Des échantillons (26 ex.), moins brillants, rayures plus larges.
Le soin apporté à cette Dunk dépasse de loin ce qu’on voit habituellement dans les collabs de l’époque. C’est pas juste une palette de couleurs : c’est une reconstitution textile de l’épouvante.
Todd Bratrud, le père du monstre (mais en silence)
Derrière ce chef-d’œuvre : Todd Bratrud, designer underground, connu pour ses skateboards et son taf avec Send Help. Il a aussi signé la Nike Dunk SB High « Send Help », une autre perle pour les vrais. Et la 420 Skunk. Mais fun fact : Todd ne possède même pas la Nike SB Dunk Low Freddy Krueger. Il ne s’en vante pas, n’en parle pas. Peut-être parce qu’il n’a jamais été payé pour. Peut-être parce que le modèle est devenu tabou chez Nike.
Et pourtant, Nike Skateboarding le crédite officiellement sur son site. Comme un aveu discret.
Une valeur qui donne des sueurs froides
Au fil des années, cette sneaker est passée de curiosité interdite à Sainte-Relique du game. Les rumeurs de destruction, la rareté, le design fou, le storytelling cinématographique… tout y est.
Ajoute à ça une photo de Travis Scott ou Kendall Jenner avec la paire au pied, et BOOM : c’est l’envolée des prix. Aujourd’hui, une Nike SB Dunk Low Freddy Krueger peut facilement dépasser les 30 000 €, voire plus selon la pointure et l’état. Une folie.
Et pendant ce temps-là, Nike a tenté un retour avec une Air Max 95 Freddy Krueger (2020). Moins réussie, sans autorisation officielle, et surtout… sans vert. Comme s’ils avaient voulu éviter toute ressemblance trop évidente avec le pull du croquemitaine. On appelle ça : jouer avec le feu.
Pourquoi cette paire hante encore le game ?
Parce qu’elle a tout d’un graal :
- Interdite : ce qui est rare est cher. Ce qui est interdit devient culte;
- Truffée de références : cinéma, gore, street culture;
- Non-officielle : une collab fantôme, sans contrat, sans logo;
- Racontable : chaque paire a une histoire, chaque détenteur une légende.
Et surtout, parce qu’elle incarne une époque où Nike SB osait tout sous l’impulsion du regretté Sandy Bodecker. Une époque où la marque était plus punk que corporate. Où les designers faisaient des modèles “à la main”, sans validation juridique à chaque étape. Cette Dunk, c’est une archive vivante d’un moment de liberté créative.
La sneaker qui te poursuit dans tes rêves
La Nike SB Dunk Low Freddy Krueger, c’est plus qu’une paire : c’est un mythe. Un spectre qui revient chaque Halloween hanter le sneaker game. Une sneaker qui n’a jamais officiellement existé, mais dont tout le monde parle. Une relique maudite qui nous rappelle que derrière les drops programmés et les raffles planifiées, il y a encore de la place pour la légende.
Alors toi qui lis ce dossier… dis-moi :
Tu ferais quoi si tu croisais une vraie Freddy à ta pointure, sur eBay ou aux pieds d’un inconnu ? Tu achètes ? Tu regardes ? Ou tu fuis en courant ?
Source : HugoRLT