Pourquoi la Nike autolaçante n’a pas marché ?

Nike voulait réinventer le futur. Et au lieu de ça, la marque a trébuché sur ses propres lacets. Littéralement. En juillet 2024, Nike a discrètement enterré son application Adapt, scellant le destin de ses sneakers au laçage automatique vendues entre 300 et 720 euros. Une annonce qui a pris de court les collectionneurs, mais qui n’a surpris personne dans la communauté des passionnés. Car derrière le rêve d’une technologie digne de Retour vers le futur, se cache un des plus gros gadins de la décennie sneaker. Alors, pourquoi la Nike autolaçante n’a pas marché ? Retour sur un pari trop ambitieux, pas assez utile et surtout mal compris.

Le rêve du futur, version Nike

Tout commence en 2016. Tinker Hatfield, le cerveau derrière les Air Max et Air Jordan 3, présente la Nike HyperAdapt 1.0 : une paire qui se lace toute seule grâce à des capteurs, des moteurs et une batterie rechargeable. La promesse ? Révolutionner le fit, supprimer les lacets, et ouvrir la voie à une nouvelle génération de sneakers intelligentes. L’ombre de la Nike Mag plane, évidemment. Celle rendue mythique par Marty McFly dans Back to the Future II. En 2011, Nike avait déjà lancé une réplique (sans laçage automatique), puis une version auto-laçante en édition ultra-limitée en 2016. Mais cette fois, la marque veut passer à l’échelle : pas juste du show, mais un vrai produit, vendu au grand public.

La Nike Adapt BB : quand la technologie prend le dessus sur l’usage

En 2019, Nike pousse le concept plus loin avec la Adapt BB, pensée pour les joueurs NBA. Contrôle du serrage via une app Bluetooth, moteur intégré dans la semelle, LED personnalisables… Le tout vendu autour de 350 euros. Et là, les problèmes commencent. Dès les premières semaines, les forums s’enflamment : certains modèles ne se connectent pas sous Android. D’autres ne se rechargent plus. Et une fois l’app bugguée, les chaussures deviennent… impossibles à enfiler. Une paire à 350 balles qu’on ne peut ni porter ni réparer ? L’ironie pique. Plusieurs joueurs pros (comme Jayson Tatum ou Luka Dončić) les portent brièvement. Mais sur le terrain, le gain reste discutable. La plupart préfèrent leurs bonnes vieilles Kobe ou Kyrie, plus légères, plus fiables. Et côté lifestyle, le soufflé retombe aussi vite qu’il est monté.

Un prix qui plombe tout

La grande majorité des retours pointent un frein évident : le prix. Débourser entre 300 et 720 euros pour une paire qu’il faut recharger, synchroniser, mettre à jour… ça reste un non-sens pour 95 % des consommateurs.

Sur les forums, les messages sont sans appel : «Trop cher pour un gadget », «Si l’app plante, les chaussures sont foutues», «Elles ont tout simplement mal vieilli ». Et difficile de leur donner tort. Même dans un univers où les Jordan 1 montent à 800 balles sur StockX, la promesse d’une sneaker futuriste n’arrive pas à justifier le tarif.

Une application abandonnée, des sneakers inutilisables

En juillet 2024, Nike annonce l’arrêt de l’application Adapt. Traduction : toutes les paires équipées de cette technologie deviennent inutiles. Plus de contrôle de serrage, plus de LED, plus rien. L’utilisateur reste avec une sneaker morte-née dans son placard, sans support, sans MAJ, sans alternative. Et ce n’est pas anodin. Dans une époque où même les frigos ou les voitures reçoivent des mises à jour OTA, comment expliquer qu’une boîte comme Nike lâche ses utilisateurs sans ménagement ? L’application a été jugée trop coûteuse à maintenir, selon un porte-parole de la marque cité par Ars Technica. Et surtout, elle ne rapportait plus rien.

Une innovation mal ciblée

Le fond du problème, c’est que cette innovation technologique n’a jamais trouvé son public. Trop chère pour le grand public, trop gadget pour les puristes, pas assez fiable pour les pros. Et au lieu de cibler les gens à mobilité réduite où un tel système aurait eu du sens, Nike a visé les sneakerheads hypebeastisés et les joueurs NBA. Erreur stratégique. Même certains insiders le reconnaissent : « Ils ont confondu buzz et besoin », résume un ancien designer produit sur LinkedIn. Dans un monde où le confort, la légèreté, la durabilité et le design dictent les achats, ajouter une couche de technologique inutile complexifie tout. Et la sneaker n’a jamais été pensée pour ça.

Un gâchis plus qu’un crash

Attention : il ne s’agit pas d’un plantage monumental à la Zune de Microsoft. Nike a limité les dégâts, a capitalisé sur son image d’innovateur, et a même réussi à en faire un objet de culte (au moins temporaire). Les Adapt BB s’échangent toujours à bon prix, et certains collectionneurs espèrent même les voir revenir sous une autre forme. Mais soyons lucides : la Nike autolaçante n’a jamais décollé. Et surtout, elle a mis en lumière les limites de l’innovation gadget dans la sneaker game. Une paire doit d’abord être portable, fiable, intuitive. L’innovation technique vient en bonus, pas en remplacement.

Quelles leçons pour le futur ?

Ce que Nike a tenté avec le laçage automatique n’est pas anodin. C’est même un pas important vers la chaussure connectée, intelligente, adaptée à son porteur. Mais pour que ça fonctionne, il faut :

  • Un prix accessible, sinon l’usage reste limité à une élite.
  • Une maintenance logicielle garantie, au moins 5 à 10 ans.
  • Un usage réel, concret : sport pro, personnes à mobilité réduite, ou milieu outdoor.

Imagine une paire de trail qui se resserre automatiquement en descente. Ou une basket pour seniors qui se lace seule sans effort. Là, on parle d’utilité, pas de marketing.

En conclusion

Le flop du laçage automatique chez Nike, ce n’est pas l’échec de la technologie. C’est l’échec de sa mise en marché. Trop chère, trop complexe, trop instable. Et surtout, pas pensée pour résoudre un vrai problème. En tant que sneakerhead, j’ai suivi cette saga avec passion, entre fascination et scepticisme. Je me suis aussi enflammé au début. J’aurais adoré que ça marche. J’aurais aimé qu’on tienne là une vraie révolution, pas juste un clin d’œil à un film culte. Mais parfois, même les géants se prennent les pieds dans leurs lacets.

FAQ 

Pourquoi Nike a abandonné les chaussures à laçage automatique ?

À cause d’un manque de rentabilité, d’un support trop coûteux et de problèmes techniques qui ont plombé l’expérience utilisateur.

Qu’est-ce que le Nike Adapt ?

Une technologie de laçage automatique lancée en 2016 via HyperAdapt, puis déployée sur les Adapt BB et Auto Max.

Peut-on encore utiliser les Adapt BB ?

Non, si l’application ne fonctionne plus ou que la batterie est morte, les sneakers sont inutilisables.

Est-ce que le laçage automatique reviendra ?

Peut-être, mais dans une version plus simple, plus fiable, et mieux ciblée.

Nike Hyperadapt 1.0 Earl @mrvlaz

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Nike Adapt Automax @pr_sneaks23

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Nike Adapt BB 2.0 @stephencdc

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