Le 15 juin 2025, une Nike Mag Back to the Future dotée de la technologie de laçage automatique sera adjugée au plus offrant. Mise à prix ? 50 000 dollars. Et ce n’est qu’un début. À ce tarif, on peut s’offrir une Tesla flambant neuve, un tour du monde en classe affaires, ou… une sneaker. Mais pas n’importe laquelle : la réplique la plus fidèle et la plus technologique de l’histoire du cinéma et de la culture sneaker réunis.
Pourquoi cette paire, sortie à seulement 89 exemplaires en 2016, déchaîne-t-elle autant les passions ? Pourquoi fascine-t-elle autant les geeks que les sneakerheads, presque 30 ans après son apparition dans Retour vers le futur II ? Qu’est-ce qui explique des prix records atteignant les 90 000 $ en 2018 ? Et comment cette silhouette a-t-elle réussi à marquer l’histoire aux côtés des Jordan 1 portées par MJ ou des mythiques Yeezy de Kanye ?
On remonte le temps pour comprendre comment une chaussure de science-fiction est devenue une relique de la sneaker culture.
1989, un coup d’œil vers 2015
Lorsque Back to the Future II sort en 1989, il fait plus que cartonner au box-office. Il alimente les fantasmes d’un futur accessible, hypertechnologique, fun et optimiste. Hoverboards, pizzas qui se réhydratent en 2 secondes, blousons qui sèchent tout seuls… et bien sûr, des baskets Nike qui se lacent toutes seules.
Marty McFly (incarné par Michael J. Fox) les enfile en 2015 dans le film. Elles s’illuminent, ajustent les lacets automatiquement. Le rêve. Mais à l’époque, tout ceci est un tour de magie cinématographique : les lacets sont actionnés manuellement hors champ.
Mais l’imaginaire est déjà imprimé dans les rétines. Pour toute une génération, la Nike Mag Retour vers le Futur devient une icône sans même exister. Et quand l’an 2015 approche, les fans guettent… et Nike répond.
Définitions clés pour briller en société
Nike Mag : modèle fictif apparaissant dans Back to the Future II, réédité en 2011 (version qui n’est pas auto-laçante) et 2016 (version à laçage automatique).
E.A.R.L. (Electro Adaptive Reactive Lacing) : technologie Nike de laçage automatique, activée via des capteurs et moteurs intégrés dans la chaussure.
Power Laces : nom donné dans le film au système de laçage automatique. L’expression est devenue virale bien avant d’être réelle.
OG : terme désignant l’original, la version de base. Ici, la Nike Mag OG désigne celle du film ou la première version physique la plus fidèle.
Drop limité : Sortie en quantités extrêmement faibles, destinée à créer la rareté (et la demande). Dans le cas de la Nike Mag : 1er degré de folie.
Une histoire de drops mythiques et de lacer comme Marty
2011 : le premier choc
Nike sort enfin une version physique de la Mag. C’est la première fois qu’un objet de pur fantasme prend forme IRL (In Real Life). Pas de Power Laces, mais un design bluffant de fidélité, avec les fameuses LED bleues et la silhouette montante futuriste.
Résultat : 1 500 paires mises aux enchères sur eBay, les fonds étant reversés à la fondation Michael J. Fox pour la recherche contre Parkinson. Un récit parfait. Bilan ? 10 millions de dollars récoltés. Et déjà des prix flirtant avec les 10 000 $ la paire.
2016 : la paire ultime
Le 21 octobre 2015, jour exact du voyage temporel de Marty McFly, Nike dévoile une Mag qui se lace toute seule. Un graal. Un fantasme devenu réalité. Cette fois, ce n’est plus un simple hommage : c’est une prouesse technologique.
Seulement 89 paires produites. Oui, 89, comme l’année de sortie du film. Encore une vente caritative, encore une envolée des prix. On est dans le mythe, pas dans la distribution.
L’exemplaire numéro 17/89, aujourd’hui mis en vente à 50 000 $, incarne cette obsession du détail : signatures de Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Tinker Hatfield (le designer), technologie E.A.R.L., boîte collector “The Future is Now”…
Un objet de musée que même les institutions culturelles se disputeraient.
Pourquoi la Nike Mag fascine-t-elle encore en 2025 ?
Un mythe intergénérationnel
Difficile de trouver un objet qui parle autant aux quadragénaires fans de SF qu’aux ados collectionneurs de sneakers. La Nike Mag est un pont temporel. Elle connecte cinéma, technologie, nostalgie et culture urbaine.
C’est l’anti-hype par excellence : pas de collab avec Travis Scott ou de colorway recyclé. Elle tient sa légende de son contexte, de sa rareté, et de ce qu’elle promet : réaliser l’impossible.
Un prix à la hauteur du fantasme
89 exemplaires. Ce chiffre suffit à créer la panique. En 2018, une Nike Mag OG s’est arrachée à plus de 92 000 $. Certaines ventes privées atteignent des sommets jamais confirmés publiquement.
À titre de comparaison :
- Une Nike Air Yeezy 1 portée par Kanye est partie à 1,8 million $ en 2021 (mais c’était un modèle porté et unique).
- Une Jordan 1 portée par MJ en 1985 a dépassé les 560 000 $.
- Une Dunk SB Paris s’échange autour des 100 000 $ en parfait état.
La Nike Mag 2016, elle, n’a pas besoin d’être portée par une star : elle est la star.
L’innovation comme ADN
Contrairement à d’autres modèles iconiques qui reposent sur le statut du porteur (Jordan, Ye, Travis), la Nike Mag repose sur une idée : celle d’un futur technologique qui devient accessible. Et Nike a mis les moyens : la technologie E.A.R.L., développée pour la Mag, a ensuite donné naissance à des modèles comme la HyperAdapt ou la Adapt BB.
Ce que la Nike Mag dit de la sneaker culture
Quand la sneaker devient une œuvre d’art
Avec la Nike Mag, on ne parle plus d’un simple objet à porter. On parle d’un artefact de pop culture, d’un objet de collection, presque sacré. Le fait qu’elle soit livrée dans un écrin signé, avec certificat d’authenticité, en dit long sur le glissement de la sneaker vers le monde de l’art et du patrimoine.
La victoire du storytelling
La Nike Mag prouve que l’histoire autour d’une paire peut valoir autant, voire plus, que le modèle lui-même. Sans le film, sans le mythe, sans les années d’attente, cette silhouette ne serait qu’un OVNI.
Nike l’a bien compris. L’alignement parfait entre récit, technologie, nostalgie et rareté en fait un coup de maître en marketing émotionnel.
Héritage et avenir : la Nike Mag peut-elle renaître ?
En 2025, la Mag continue de hanter l’imaginaire collectif. Chaque apparition sur le marché est un événement. Chaque paire est traquée, expertisée, convoitée. Aucun projet de re-release n’est en vue (et c’est tant mieux). Le mythe ne s’érode pas à coups de restocks.
Mais son influence, elle, se prolonge :
- dans les innovations Nike (Adapt BB, HyperAdapt);
- dans les collaborations high-tech (Apple, RTFKT, etc.);
- dans les projets de sneakers NFT ou de sneakers métavers.
Et surtout dans la conscience collective : elle rappelle que parfois, la sneaker dépasse sa fonction initiale.
La Nike Mag, monument du fantasme
Presque quarante ans après sa première apparition à l’écran, la Nike Mag fascine toujours autant. Elle n’a pas besoin de buzz ou de feed Instagram bien huilé. Elle vit sur un autre plan : celui du rêve devenu réalité. Celui du film devenu objet. Celui de la sneaker devenue mythe.
Est-ce que les générations futures s’en souviendront ? Assurément. Car dans un monde où tout sort, se recycle et se copie, la Nike Mag reste l’exception. Elle ne court pas les rues. Elle flotte au-dessus du bitume. Comme un hoverboard.
À retenir :
- Un modèle issu du film Back to the Future II (Retour vers le Futur 2 en vo), rendu réel par Nike en 2011 (sans laçage) puis 2016 (avec laçage).
- Édition ultra-limitée : 1 500 paires en 2011, 89 en 2016.
- Technologie E.A.R.L. de laçage automatique.
- Vente record à plus de 90 000 $ en 2018.
- Nouvelle enchère ouverte en 2025 à partir de 50 000 $.
Bref, l’une des sneakers les plus iconiques de l’histoire.
Photos : @gustavewhitesir