Avec son look rétro-futuriste, sa semelle moelleuse et son design signé Charlotte Lee, la New Balance 2000 Abzorb divise autant qu’elle intrigue. Et si c’était justement ça, la recette du prochain carton ? Décryptage d’un ovni sneaker qui pourrait bien devenir culte.
Une silhouette inattendue pour un moment stratégique
Qui aurait parié sur la New Balance 2000 Abzorb pour secouer la fourmilière ? Dévoilée début 2025 dans un paysage sneaker saturé de rééditions, de collabs au kilo et de silhouettes recyclées façon, cette nouveauté est arrivée comme une surprise. Et pas forcément une surprise tranquille. Car la paire est… comment dire ? Un poil déroutante. Bulbeuse, massive, presque cartoonesque. On dirait la progéniture improbable d’une New Balance 9060 et d’une New Balance 2002R, passée à la moulinette d’un anime cyberpunk. Et pourtant, elle fascine. Elle a même tout pour devenir la nouvelle 9060. Voire mieux.
La raison ? Elle coche beaucoup de cases, à commencer par la plus importante : elle ne laisse personne indifférent.
Charlotte Lee strikes again
Derrière ce design polarisant se cache Charlotte Lee, la designeuse-star de chez New Balance. Celle à qui l’on doit déjà la New Balance 327 (oui, ce classique instantané de 2020) et la récente New Balance 1906L Loafer, ovni stylistique devenu graal des modeux minimalistes.
Avec la NB 2000 Abzorb, elle continue de tordre le cou aux attentes, en croisant les lignes organiques de la 9060 avec des vibes du début des années 2000 assumées. On y lit aussi bien des influences Nike TN que des reflets de Air Max Scorpion. Mais le tout digéré à la sauce NB : plus mature, moins show-off, plus « techwear de quartier » que « rave party à Ibiza ». Le pari est risqué, mais malin. Car la sneaker flirte avec l’extrême sans jamais tomber dans la caricature.
Une esthétique Y2K, mais en plus adulte
Soyons honnêtes : la New Balance 2000 Abzorb n’est pas une paire pour les apôtres de la discrétion. Avec sa semelle chunky presque mutante, ses ondulations biomécaniques et son coloris bleu glacier (coloris Baby Blue) digne d’un Gatorade édition limitée, elle attire les regards. Et c’est justement ce qui plaît.
On sent l’inspiration rétro-futuriste des années 2000, époque où les designers chaussaient les silhouettes comme des cyborgs. Cependant, là où une Nike Air Max Plus TN s’exprime avec force, la New Balance 2000 Abzorb se manifeste avec subtilité. Elle reprend les mêmes codes visuels (exagération des formes, superpositions, effet glossy) sans tomber dans la vulgarité. Le design est plus pensé, plus maîtrisé. Elle ne cherche pas à dominer la pièce, mais à imposer sa singularité. Et elle le fait bien.
Le confort avant tout (ou presque)
Côté ressenti au pied, les premiers retours seraient globalement positifs. La semelle Abzorb est souvent décrite comme « moelleuse » voire « trop confortable pour être honnête ». Ce qui donne envie de les porter autant pour flâner en ville que pour aller à la salle. Bon, pas sûr qu’elles fassent des miracles sur un squat à 90 kilos, hein. Certains utilisateurs ont soulevé des doutes sur la stabilité latérale et le maintien. Mais soyons clairs : c’est une sneaker lifestyle, pas une Metcon pour le crossfit.
Ce qui est sûr, c’est que le confort est l’un des arguments majeurs de la paire, tout comme il l’était pour la New Balance 9060. La différence ? Ici, le design pousse encore plus loin, presque jusqu’au ridicule… mais sans tomber dedans. Enfin, ça dépend à qui on demande.
Un design polarisant, et c’est tant mieux
Comme souvent chez New Balance, les modèles qui marquent sont ceux qui divisent. La 327, la 610, la 9060 : aucun n’a fait l’unanimité à leur sortie. Mais tous ont trouvé leur public, justement parce qu’ils prenaient des risques. Et la New Balance 2000 Abzorb suit la même logique.
Certain·e·s la trouvent sublime, futuriste, avant-gardiste. D’autres y voient une contrefaçon de Nike Shox. Certains la trouvent difficile à porter. D’autres voient déjà les collabs avec Aimé Leon Dore, Salehe Bembury ou Joe Freshgoods. La vérité ? Elle est probablement entre les deux.
Et c’est ce qui lui donne du potentiel. Car dans une culture sneaker de plus en plus polarisée, entre les nostalgiques du rétro et les explorateurs du bizarre, cette paire occupe une niche rare : celle du nouveau familier.
La vraie successeure de la New Balance 9060 ?
Comparons un instant. La New Balance 9060, c’était déjà une hybridation habile entre le rétro et le spéculatif. Une New Balance 990 qui aurait fait un stage chez Balenciaga. Elle a conquis le public grâce à son équilibre subtil : une semelle chunky mais élégante, des colorways sobres, un côté « dad shoe du futur » qui parlait à tout le monde, même à ceux qui portaient des NB à contrecœur.
La New Balance 2000 Abzorb pousse ce curseur plus loin. C’est comme si New Balance s’était dit : « OK, on a testé les limites, maintenant on les casse. » Elle ressemble à la NB 9060… si la 9060 avait eu une adolescence difficile et une obsession pour Ghost in the Shell.
Et pourtant, certains la trouvent plus réussie. La tige est mieux construite, le mesh plus travaillé, les courbes plus dynamiques. Là où la 9060 pouvait parfois sembler incomplète (selon certains colorways), la New Balance 2000 Abzorb donne une impression d’unité, d’audace assumée.
Les enjeux culturels : vers une nouvelle hype générationnelle ?
Ce qui se joue ici n’est pas seulement une histoire de design. C’est aussi un signe des temps. La culture sneaker est en mutation. L’esthétique Y2K, longtemps moquée, revient en force. Pas juste comme un gimmick, mais comme une vraie source d’inspiration. Les jeunes générations et pas seulement les Gen Z, redécouvrent le charme des silhouettes massives, des coloris brillants, des formes qui osent.
La New Balance 2000 Abzorb s’inscrit dans ce mouvement, tout en parlant aussi aux trentenaires/quarantenaires nostalgiques de l’ère 2002R. Elle est suffisamment bizarre pour intriguer, suffisamment cohérente pour séduire. Et surtout, elle ne ressemble à rien d’autre chez New Balance. Ni tout à fait performance, ni vraiment rétro, elle trace sa route.
Surtout si la marque de Boston joue bien ses cartes : coloris sobres (le gris est attendu comme le Messi du drop), collabs bien placées, storytelling autour du confort ou de l’innovation.
Les pièges à éviter pour New Balance
Reste que tout n’est pas gagné. L’histoire nous a montré que New Balance sait aussi rater des rendez-vous. Le prix, par exemple, risque de faire grincer des dents : 200€ en boutique, c’est un seuil psychologique qui rebute une partie du public habituel de la marque. On est loin des 150€ des New Balance 2002R à leur lancement. À ce tarif, certains fans fidèles pourraient hésiter ou rajouter 50€ pour avoir une paire made in UK voire made in USA.
Mais faut-il vraiment y voir un frein ? Pas forcément. Souvenez-vous de la Nike Air Vapormax, lancée à 210€ en 2017. Tout le monde criait au scandale. Et pourtant, elle est devenue un best-seller, avec une longévité que peu de paires peuvent revendiquer. Pourquoi ? Parce que le produit apportait une vraie rupture technologique, un design fort, et une expérience de port inédite.
C’est ça, la réalité du sneaker game : si la paire est bonne, le prix ne fait pas le tri. Il sélectionne. Il valorise. Si la New Balance 2000 Abzorb trouve son public ? Celui qui cherche du confort, de la différence. Alors les 200€ seront perçus non pas comme un frein, mais comme une confirmation : on est face à une pièce forte, pas à une généraliste.
À New Balance maintenant de faire en sorte que l’investissement paraisse justifié. Par les coloris, la qualité perçue. Et surtout par la cohérence de la gamme autour de ce nouveau vaisseau amiral.
Autre point d’attention : la semelle, aussi réussie soit-elle, peut rebuter par sa complexité. Certains craignent qu’elle durcisse avec le temps, ou qu’elle soit un cauchemar à nettoyer. Et soyons clairs : dans une époque où les gens nettoient leurs sneakers plus que leurs lunettes, c’est un vrai facteur.
Enfin, il faudra que New Balance assume cette silhouette dans la durée. Pas seulement comme un « one shot hype », mais comme un pilier de son catalogue futur. Une version V2, des itérations techniques, une gamme cohérente… Bref, la transformer en univers, pas juste en objet.
Future star ou étoile filante ?
La New Balance 2000 Abzorb ne plaira pas à tout le monde. Et c’est justement ce qui fait sa force. À l’heure où la sneaker culture est saturée de consensus mous, elle propose une alternative franche, clivante, presque militante. Elle ne cherche pas à plaire à tout le monde. Elle cherche sa tribu. Et elle pourrait bien l’avoir trouvée.
Alors, nouvelle New Balance 9060 ? Peut-être. Nouvelle icône Y2K ? Très probable. Surtout si Charlotte Lee continue de mener la barque avec autant d’assurance. Reste à voir si New Balance saura transformer l’essai. En tout cas, les dés sont lancés.
Photos : Foot Patrol & Kith & Kin
