Reebok Pump Blacktop Battleground : la sneaker qui parle béton

Avant que le marketing ne s’empare des playgrounds, avant que les marques ne transforment les bitumes en décors de pubs, il y avait la Reebok Pump Blacktop Battleground. Une chaussure pensée non pas pour les highlights, mais pour les contacts rugueux, les cross sur béton et les chevilles qu’on serre, pas qu’on expose. Sortie en 1991, en plein âge d’or du streetball, cette paire s’impose comme une référence pour ceux qui jouent en extérieur, là où le sol ronge les semelles et où le jeu ne pardonne pas. Mais aussi aux amateurs de baskets lourdes comme des parpaings.

La seule Blacktop équipée de la technologie Pump

C’est la première et la seule de la gamme Blacktop à intégrer la technologie Pump, ce système de gonflage intégré dans la languette qui permet d’ajuster le maintien au millimètre. Mais il n’est pas là pour faire joli. C’est une réponse concrète aux exigences des terrains durs, une solution pour ceux qui jouent pour de vrai. Le design est massif, la semelle renforcée, l’amorti sec mais fiable. Rien n’est là pour séduire les tribunes : tout est pensé pour résister à la rue.

Le trio Blacktop : Battleground, Boulevard et Settlement

À ses côtés, la marque au Vector sort deux autres modèles : la Reebok Boulevard et la Reebok Settlement. Ensemble, ils forment un trio que seuls les vrais connaissaient à l’époque, et que les collectionneurs s’arrachent aujourd’hui. Mais la Pump Battleground, elle, reste la plus iconique. Parce qu’elle incarne à elle seule ce que Reebok savait encore faire à l’époque : écouter la rue, et lui parler sa langue.

Reebok Blacktop : une gamme pensée pour le streetball

Il faut remettre les choses dans leur contexte. On est au début des années 90. Reebok domine la conversation avec sa technologie Pump, ce petit ballon gonflable niché sur la languette qui promet un maintien personnalisé. Tout le monde se souvient de Dee Brown, qui s’envole au Slam Dunk Contest de 1991 après avoir pressé la pompe de sa Reebok Pump Omni Zone II. Mais pendant que les projecteurs NBA crépitent, RBK, dans un coup de génie, pose ses valises dans la rue. Elle crée la gamme Blacktop, pensée exclusivement pour le streetball.

Une cartographie du bitume

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les noms Battleground, Boulevard et Settlement ne doivent rien au hasard. Ils racontent une géographie du bitume, une cartographie de la rue en trois syllabes. La Pump Battleground, d’abord, tire son nom du Battleground à Harlem. L’un des spots les plus féroces de New York ? Où le jeu est rude, les fautes se règlent sans arbitre, et seul le respect gagné à la dure vaut certificat ? Impossible de le vérifier bien que cela parait plausible. La Boulevard, lui, fait référence au terrain du Boston, dans le Massachusetts. Mais la plus rare reste la Reebok Settlement. Son nom n’évoque pas un terrain, mais un tribunal de Détroit, une référence inattendue et percutante. Ici, « settlement » ne signifie pas quartier ou implantation, mais plutôt résolution judiciaire, comme un accord qu’on signe après avoir pris des coups. C’est fort de sens dans le contexte du streetball, où chaque match est une affaire à trancher, un conflit à régler balle en main. On ne joue pas pour s’amuser. On joue pour faire justice. Le terrain devient prétoire, et chaque crossover est un réquisitoire.

Une sneaker taillée pour encaisser, pas pour briller

La Reebok Blacktop Pump Battleground est une armure pour les chevilles, un gilet pare-balles pour les appuis. Elle intègre la technologie Pump, bien sûr, mais l’enveloppe d’une semelle plus épaisse, plus agressive, prête à encaisser l’abrasion du béton comme un boxeur encaisse les crochets. Elle n’a pas le glamour d’une Jordan, ni la silhouette vertigineuse d’une Air Command Force. Mais elle respire la sueur, les 1 contre 1 qui finissent en baston. Elle a du vécu. Et dans la rue, c’est ça qui compte.

Une légende sans projecteurs

J’ai toujours trouvé étrange que cette paire ne soit pas plus connue. Elle n’a pas eu sa scène dans un film hollywoodien. Pas de plan séquence sur une dunk contest en slow motion. Elle n’a pas de surnom catchy comme « Hoyle », que la Nike Air Command Force porte fièrement depuis que Woody Harrelson l’a immortalisée dans White Men Can’t Jump (Les Blancs ne savent pas sauter). Mais ce silence médiatique, c’est peut-être sa plus grande force. Elle ne cherche pas à plaire, elle ne demande rien. Elle est là pour jouer, point.

Le retour de la Reebok Battleground en 2014

Et pourtant, ceux qui savent… savent. En 2014, quand Reebok ressort la Battleground dans un coloris qu’on appelait tantôt “Tribal”, tantôt “Aztec”, « Geometric Pattern » voire « Wax » (preuve qu’on ne savait pas bien le nommer), les sneakerheads se sont rués dessus. Ce n’était pas qu’une réédition : c’était une résurrection. Une manière de dire aux nouvelles générations : « Voici comment on jouait avant. Quand le trash-talk se faisait à trois centimètres du nez. »

Face à la Nike Command Force : deux visions du basket

La Nike Air Command Force, je ne vais pas mentir, je l’aime aussi. Elle est grandiloquente, presque théâtrale. Avec ses chambres d’air et son profil de robot des parquets, elle incarne la NBA des années 90, clinquante et spectaculaire. Mais elle vient du haut. Du monde des géants. La Reebok Pump Battleground, elle, vient d’en bas. Elle a les lacets sales, le cuir un peu jauni, la pompe un peu molle avec le temps. Mais elle a l’âme. Et c’est ça qui fait toute la différence.

Une paire culte recherchée pour ce qu’elle incarne

Aujourd’hui, cette paire est devenue un objet rare. Sur eBay ou StockX, les prix montent. Mais au fond, ceux qui la cherchent ne le font pas pour le prestige. Ils la cherchent pour ce qu’elle représente. Une époque sans filtres, où la seule chose qui comptait, c’était de tenir sur le terrain (ou dans la rue). Tenir physiquement, tenir mentalement, tenir sa place. Alors non, la Reebok Blacktop Pump Battleground n’a pas volé au All-Star Game. Elle n’a pas fait les couvertures. Mais elle a marqué ceux qui ont vraiment joué. Et pour moi, c’est ça, une vraie légende.

La collection Reebok Blacktop de 1991

Reebok Blacktop Pump Battleground Aztec (1)

Reebok Blacktop Pump Battleground Aztec (2)

Reebok Blacktop Pump Battleground Aztec (3)

Reebok Blacktop Pump Battleground Aztec (4)

Reebok Blacktop Pump Battleground Aztec (5)

Reebok Pump Blacktop Battleground tribal Geometric Pattern (1)

Reebok Pump Blacktop Battleground tribal Geometric Pattern (2)

Photos : @terrancekeller, @kicksreason & @reebokalypse.now

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