À mi-chemin entre une voiture de sport et un dessin anatomique du XVIIᵉ siècle, la Nike Air Flightposite est sans doute l’une des sneakers les plus avant gardistes jamais conçues. Voici cinq vérités méconnues mais fascinantes sur ce modèle qui n’a jamais cherché à plaire à tout le monde.
1. Kevin Garnett l’a propulsée dans la légende
On l’oublie trop souvent, mais c’est Kevin Garnett qui a eu l’honneur (ou l’audace ?) de dégainer les Nike Air Flightposite pour la toute première fois sur un parquet NBA. C’était le 11 mai 1999, lors du Game 2 du premier tour des playoffs face aux Spurs. Le Big Ticket portait une version PE noire surnommée “The Future”, un clin d’œil presque prophétique, tant la paire semblait téléportée d’un autre temps.
Résultat : 23 points dans une victoire serrée des Wolves, et une sneaker qui passait de prototype radical à légende instantanée. Une entrée en scène discrète, mais qui allait sceller son destin auprès des sneakerheads, ceux qui aiment quand la performance flirte avec la science-fiction.
2. Une des « pires créations » de 1999
Eric Avar, le cerveau derrière la Nike Air Flightposite (et pas mal d’autres chefs-d’œuvre comme la Foamposite ou la Kobe 4), ne voulait pas juste faire une chaussure. Il voulait créer une extension du corps humain. Rien que ça. La tige en Foamposite ne mesure que 2 mm d’épaisseur, et la paire pèse 468 g, à peine plus qu’un steak saignant chez Buffalo Grill. Le chausson épouse littéralement le pied, avec une fermeture éclair qui remplace les lacets. Les amateurs des Nike Air Zoom The Glove de Gary Payton valident. Le tout donne une silhouette organique, fluide, biomécanique. À mi-chemin entre un muscle, une carapace, et un prototype de concept-car. Le genre de design qui ne laisse personne indifférent. Pour preuve : Time Magazine l’a classée parmi les pires créations de 1999. Trop étrange, trop futuriste, trop « alien ». Et pourtant, avec le recul, cette critique a renforcé son aura subversive. C’est peut-être le plus beau compliment déguisé que le modèle ait reçu. Parce qu’en réalité, cette sneaker ne cherchait pas faire consensus, elle cherchait à bousculer. À une époque où le design des chaussures de basket se voulait encore “sportif” au sens classique, la Nike Air Flightposite débarque comme un prototype de science-fiction. Comme souvent, les grandes innovations sont d’abord moquées, puis copiées.
3. Une campagne de pub… aussi barrée que la paire elle-même
Nike, conscient que la Nike Air Flightposite risquait de faire jaser, a décidé de prendre le contre-pied total. Résultat ? Une série de pubs surréalistes où Kevin Garnett est coaché par l’humoriste Patton Oswalt pour “dominer le un-contre-un”. Un autre spot le montre face à Tim Duncan sur un terrain de basket. L’idée n’était pas simplement de vendre une paire : il s’agissait d’illustrer que ce design alien pouvait, malgré son allure, offrir une vraie performance de haut niveau. On ne plaisante pas avec l’héritage « Flight ». Et quelque part, c’est ce contraste, entre l’esthétique dérangeante et le confort incroyable, qui fait toute la magie de cette sneaker.
4. Un bijou d’innovation, truffé de détails souvent négligés
Si tu n’as jamais remarqué les deux petites aérations sur la face médiale de la Flightposite, tu n’es pas seul. Ces prises d’air, intégrées à la coque en Foamposite, passent souvent inaperçues. Pourtant, elles sont essentielles au confort thermique du pied. Et chaque élément, du chausson interne à la semelle, a été pensé pour réduire les distractions. Le but ? Créer une sensation de fusion totale entre le joueur et sa paire.
5. Une palette de coloris aussi clivante que culte
Les colorways de la Nike Air Flightposite ont eux aussi marqué les esprits et divisé les foules. Le modèle tout noir en fibre de carbone avait une allure de Ninja Tech. Mais ce sont les teintes irisées, comme le Eggplant (violet métallique) et le Metallic Gold, qui ont fini par écrire la légende. Le “Eggplamposite”, comme certains fans l’appellent affectueusement, a même connu un regain d’amour inattendu dans les années 2010, porté par la nostalgie et l’attrait pour les sneakers “hors du temps”.
Malgré ça, la Nike Air Flightposite reste un phénomène très américain. En France, elle est encore plus confidentielle que la Foamposite, elle-même déjà réservée à une minorité de mordus. C’est une paire qu’on croise rarement dans les rues mais qui attire toujours un regard, un sourire complice, ou un hochement de tête respectueux entre initiés.
6. Elle fait partie du Nike Alpha Project, une vision radicale du sport
La Nike Air Flightposite ne vient pas de nulle part. Elle appartient à la collection Alpha Project, cette gamme expérimentale lancée par Nike à la fin des années 1990, reconnaissable à ses cinq points. L’idée ? Créer des produits techniques en brisant les codes, à mi-chemin entre l’innovation scientifique et la science-fiction. Dans cette même lignée, on retrouve la Nike Air Presto (surnommée le « t-shirt pour le pied »), la Shox BB4, la Air Kukini ou encore la Air Zoom Seismic. Des modèles parfois incompris à leur sortie, mais devenus silhouettes respectées avec le temps. La Nike Air Flightposite, avec son design fluide, organique, presque alien, est probablement la plus radicale de toutes.
Une sneaker incomprise… mais gravée dans la culture sneaker
La Nike Air Flightposite n’a jamais été faite pour plaire à tout le monde. Elle dérange, déroute, polarise. Mais c’est justement cette singularité qui en fait une icône. Elle incarne une époque où Nike osait vraiment tout, quitte à frôler le ridicule mais pour mieux s’approcher du génie. Et si tu fais partie de ceux qui l’aiment pour ce qu’elle est, une fusion entre performance et expérimentation radicale, alors tu sais qu’elle a sa place dans le panthéon des sneakers visionnaires. Une vraie basket d’auteur, signée Eric Avar.
Photo de la couverture : @doc_downes
La Nike Air Flighposite est disponible au Nike Store.fr : voir les coloris.
Sources : Sneakerfiles, Nice Kicks & Kicksigma