C’est l’une des running les plus importantes de l’histoire. Pourtant, personne n’en parle. Retour sur la adidas Achill, pionnière méconnue qui mérite bien plus que des likes sur une réédition collector.
Un fantôme dans la mémoire sneaker
Qui se souvient vraiment de la adidas Achill ? Pas grand monde, soyons honnêtes. Dans la jungle bien fournie des classiques du Trefoil, entre la adidas Samba et adidas Gazelle qui trottent aux pieds de tout le Marais, la Achill fait un peu figure de tante excentrique qu’on invite jamais aux réunions de famille. Pourtant, sans elle, pas de SL 72. Et sans SL 72, pas de running moderne. Ni de Nike Cortez au passage. Rien que ça.
Son nom seul évoque une puissance mythologique. Achill, comme Achille, ce héros grec au talon vulnérable mais au reste du corps invincible. La sneaker, elle, n’a pas de talon fragile : elle est justement conçue pour amortir, soutenir, encaisser. Une armure moderne pour les coureurs d’hier. Une référence mythique, volontaire ou non (bien avant les Nike Air Icarus ou Talaria), qui ajoute encore une couche à son aura mystérieuse.
Et pour les collectionneurs ? Les paires originales « Made in West Germany » des années 70 sont devenues des trésors quasi-introuvables. Des pièces rares, convoités par les connaisseurs qui savent que certains collectors ne se trouvent pas sur StockX, mais au fond d’un grenier bavarois ou d’une brocante bien inspirée.
Conçue à la fin des années 60, la adidas Achill sort au tournant de 1970, dans un monde où la chaussure de sport n’est pas encore un accessoire de lifestyle. Mais un outil pur, technique, pour performer. Et à ce petit jeu-là, la Achill met tout le monde d’accord. Elle est l’une des premières running à introduire une semelle intermédiaire en EVA. Traduction : amorti révolutionnaire, confort qui change la donne. Une innovation qui, à l’époque, a autant d’impact que l’Air de Nike quelques années plus tard. Sauf que là, pas de bulle visible. Juste du vrai bon matos, peu visible mais efficace. Comme un vinyle rare qui change ta vision du son.
EVA ou rien : la révolution silencieuse
Avant la adidas Achill, les running, c’était du cuir dur, de la gomme, et des ampoules garanties au bout de 5 bornes. Avec son wedge en EVA, la Achill invente l’élégance fonctionnelle. Elle court plus léger, plus vite, plus souple. Et surtout, elle inspire tout un pan de la gamme adidas à venir. Car celle qui lui succède directement, c’est la adidas SL 72 alias Super Light, une paire taillée pour les JO de Munich. Et pour Starsky. Même essence, mais look plus profilé, tige en nylon et lignes qui font mouche. La Achill, c’est le prototype. La base. Le blueprint. Elle pave la voie, puis s’efface.
Mais les connaisseurs, eux, n’oublient pas. Et ce n’est pas un hasard si le Trefoil a ressuscité en 2025 la adidas SL 72 PT, hommage appuyé et assumé à la Achill. Même silhouette affinée, même esprit racé. L’industrie a la mémoire courte, mais les archives ont de la résilience.
Une revanche posthume ?
2025 pourrait être son année. Car l’arrivée de la SL 72 PT a réouvert une brèche dans l’histoire. Une brèche où les vraies racines comptent. Où les puristes fouillent les archives. Et dans ce jeu-là, la adidas Achill a des cartes à jouer. Elle incarne une idée du sport sobre et fonctionnel. Une sneaker terrace pour les fans exigeants. Le genre de modèle qui ne s’impose pas par le bruit, mais par l’évidence. Alors oui, elle est encore dans l’ombre. Mais c’est souvent dans l’ombre que naissent les mythes. Ceux qu’on redécouvre avec retard, mais qu’on n’oublie plus jamais.
la Achill, cette légende silencieuse
Si la adidas Achill était un film, ce serait un chef-d’œuvre oublié, restauré en 4K par une cinémathèque passionnée. Bref : elle est de celles qu’on respecte en silence, loin du vacarme des tendances. Peut-être qu’un jour, elle aura droit à son docu Netflix. Ou à sa collab avec un designer japonnais minimaliste. En attendant, elle reste là, immobile, dans les pages poussiéreuses de l’histoire adidas. Et si tu es passé à côté, sache que ce n’est pas elle qui a raté l’histoire. C’est l’histoire qui l’a ratée.
Photos : @adifanatics, mattcooke_, @marathon_shop & @mrvega78_new