Nike Air Max : l’histoire d’une bulle qui ne manque pas d’air

Lorsque Tinker Hatfield a dessiné la première Air Max, il ne se doute pas qu’elle sera à l’origine d’une véritable dynastie. Le respect de la chronologie oblige à faire un saut à la fin des eighties. En 1987, l’objectif n’est pas de sortir une énième nouvelle running mais de sauver Nike en proie à des difficultés financières. La pression sur les épaules de l’ancien architecte est énorme. Ce n’est pas avec une chaussure basique qu’il va relancer la machine Nike. Une innovation par rapport à l’existant s’avère indispensable. Il s’appuie sur la technologie Nike Air élaborée par Frank Rudy. A la fin des années 70, l’ancien ingénieur de la NASA élabore un coussin d’air placé à l’intérieur de la semelle intermédiaire qui améliore l’absorption des chocs. En 1979, la Nike Air Tailwind entre dans l’histoire en étant la première chaussure à en faire usage. 3 ans plus tard, une basket que vous connaissez bien l’utilise également : la Air Force 1. La basket imaginée par Tinker introduit une rupture. Une petite fenêtre permet de voir l’unité Air Sole. Un séisme stylistique dont les vibrations sont perceptibles jusqu’à aujourd’hui. L’idée lui vient après avoir observé le centre Pompidou lors d’un voyage à Paris. Et oui, la firme de Beaverton encourage ses créateurs à voyager afin de stimuler leur imagination. L’exposition de l’ossature du bâtiment né sous le crayon de Renzo Piano, qui habituellement est caché, lui inspire de transposer le concept à une running. Le projet est frustrant pour le designer qui ne peut aller au bout de son idée. Il est soumis aux contraintes techniques de son époque. Il revoit son ambition à la baisse avec la Air Max 87. La paire en avance sur son temps baptisée Air Max Zero arrive seulement 28 ans après.
Le succès de la Air Max 1 ne se dément pas. Chaque année, Nike sort une nouvelle basket avec une petite bulle. Celle qui lui succède, la Air Max Light ne rencontre pas le même succès. Néanmoins, la Air Max 2 demeure un modèle apprécié par les sneakerheads. La gamme triomphe de nouveau grâce à la Air Max 90. La Infrared cause quelques dommages. Tinker Hatfield est encore à la manœuvre. Il recommence avec la Air Max Classic BW surnommée Big Window en raison de sa large fenêtre. Cette dernière fait un carton en France. La Persian Violet s’impose dans les cours d’école. Toujours en 1991, Nike sort la Air Max 180, un modèle issu de la collection International Series. Elle se caractérise par son coussin d’air touchant le sol prenant la forme d’un fer à cheval. L’histoire de la Air Max est indissociable de l’évolution de l’unité Air Sole. Au fil des années, elle devient de plus en plus volumineuse. Celui de la Air Max 93 passe à 270 degrés (les Air Max 1994, Burst et LTD ont le même). Dans une publicité, sa capacité d’absorption est comparée à celle du système de suspension d’un SUV. Nike délivre aussi quelques modèles pour ceux qui en plus de l’amorti Air Max recherchent une stabilité importante et un meilleur soutien du pied. Les Air Stab (1988), Air Structure Triax (1991) et Air Max ST, viennent à la vie dans cette optique.
1994 est l’année des Air Max oubliées avec le lancement de la Air Max2 qui possède un chausson en néoprène comme la Air Huarache. La Air Max2 Light dont la majorité des fans ignore l’existence est issue de la même cuvée.
1995 marque un tournant dans l’histoire de la Air Max. Tinker Hatfield qui a tracé la voie, laisse la place à une autre génération de designers. Les précédentes sont toutes des modèles performance c’est à dire qu’elles sont créées pour la pratique sportive. La Air Max 95 est la première à assumer un positionnement lifestyle. La réalisation de son design est confiée à Sergio Lozano. Les Japonais s’arrachent la running qui possède 2 coussins d’air, un au talon et l’autre à l’avant pied. Christian Tresser poursuit dans cette direction et va même plus loin. Les « vagues » de la Air Max 97 et ses coloris flashy tapent dans l’œil des fans de mode. Les Italiens trouvent leur paire de prédilection en la Air Max 97. Les fashionistas transalpins s’accaparent la Silver Bullet. La Air Max 98 qui possède un coussin similaire à celui de sa prédécesseure, s’inscrit dans une certaine continuité. Le style du modèle de 1997 reposant sur des courbes influence le design des Air Tuned Max et Air Max Deluxe. Sa tige présente aussi des lignes ondulées. En France, la Air Max Plus TN l’éclipse. Elle prend le relais de la Air Max BW. Son premier coloris et le shape de sa toe box lui valent le surnom de Requin. Le terme de phénomène lui convient à merveille.
L’évolution du Big Air semble atteindre son apogée en 2006. Nike introduit la Air Max 360 dont le coussin à 360 degrés soutient tout le pied. Difficile de faire mieux…. Celles qui la suivent (Air Max+ 2009, 2010, 2011, 2012, 2013…) l’adoptent tout en améliorant son aspect esthétique.
L’évolution de la Air Max ne se traduit pas uniquement par l’augmentation de la surface couverte par sa bulle d’air. La marque au Swoosh se sert d’autres innovations pour la rendre plus performante : Flywire, Hyperfuse, Flymesh, Flyknit…
La Air Max se conjugue parfois au féminin. La Air Max Thea est une version féminine de la AM1. Une itération qui fait saliver les hommes.
Impossible d’être complet sans parler des Air Max Hybrides. La première est une Air Max 1 avec une semelle d’Air Max 90 datant de 1992. Le concept accouche de plusieurs modèles expérimentaux : Nike Air Max 95 360, Air Max 90 Current Moire, Air Max Plus 97, Vapormax Plus. Depuis quelques années, on note une résurgence des modèles qui font fructifier la franchise à la bulle d’air. La Air Max LD Zero qui mélange Air Max 2014 et Nike Boston (merci Hiroshi Fujiwara) débarque à l’occasion du Air Max Day 2016. Nike récidive 2 ans plus tard avec la Air Max 97/1 Sean Wotherspoon.
Jusqu’où ira la Air Max ? Elle continue d’écrire sa légende avec la Vapormax qui n’a pas de semelle intermédiaire. L’épopée se poursuit avec la Air Max 270 qui a la bulle d’air la plus grosse jusqu’à ce jour. Sky is not the limit.