On le savait déjà, mais Clint n’a fait que le confirmer. Avec la Corteiz x Nike Air Max 95 Honey Blacks, le fondateur de la griffe londonienne nous ressert sa recette préférée : exclusivité, mystère et rareté. Un cocktail savamment dosé qui fait grimper la température… et les prix sur le marché du resell. Mais derrière le vernis de la hype, que vaut vraiment cette quatrième déclinaison de la Air Max 95 revisitée à la sauce CRTZ ? Spoiler : c’est propre, mais pas révolutionnaire. Décryptage.
Un quatrième chapitre sous haute tension
Gutta Green, Pink Beam, Aegean Storm… et maintenant Honey Blacks. Depuis le début de leur partenariat en mars 2023, Nike et Corteiz ont construit une mini-saga autour de la Air Max 95. Une silhouette emblématique des années 90, revue et corrigée pour coller à l’esthétique street pointue de CRTZ. Chaque drop est un événement à part entière : lieux tenus secrets, files d’attente interminables, QR codes disséminés dans la ville… La Honey Blacks ne déroge pas à la règle.
Sortie prévue fin avril 2025, elle ne verra jamais le jour sur SNKRS. Une exclusivité totale pour Corteiz, qui la distribue via son propre canal, fidèle à sa logique d’underground contrôlé. Autrement dit, si t’étais pas au bon endroit au bon moment, c’est mort. Et c’est précisément ce qui nourrit la légende.
Le design : du charbon et du miel
Visuellement, la Corteiz x Nike Air Max 95 Honey Blacks joue la carte du contraste maîtrisé. À dominante noire, la paire conserve le look nervuré de la silhouette d’origine, tout en y injectant les codes visuels de CRTZ. Les bulles d’air, les mini-Swoosh et le branding Corteiz s’habillent d’un jaune, presque doré, qui vient illuminer la tige comme un rayon de soleil sur du bitume. Une opposition simple, efficace, mais pas vraiment audacieuse.
Le mesh et le cuir alternent entre mat et texturé, offrant un joli jeu de matières sans prise de risques. Corteiz Rules The World ? La semelle noire intégrale parachève un ensemble sombre et dense. Une vraie sneaker de fin de journée, qui marche mieux à la lumière d’un lampadaire qu’en plein cagnard.
Une Air Max pensée pour le marché secondaire
Qu’on se le dise : la Honey Blacks n’a pas été conçue pour envahir les rues. Elle a été calibrée pour trôner dans les vitrines de StockX et de Klekt, étiquetée à 3 ou 4 fois son prix retail. C’est toute la stratégie Corteiz : créer le manque pour faire grimper la valeur perçue. Un drop limité, une absence totale de communication officielle chez Nike, une distribution quasi-clandestine… Et boum, les enchères s’enflamment.
Résultat ? Une paire lancée à £189 se revend déjà autour de 500 à 700 euros selon les pointures. Et le plus ironique dans tout ça, c’est que cette dynamique ne repose même plus sur le design, mais uniquement sur une stratégie savamment orchestrée. Clint l’a bien compris : aujourd’hui, vendre une sneaker, c’est vendre une expérience. Pas un produit.
Clint 419 : le gourou du chaos organisé
Derrière chaque drop Corteiz, il y a Clint. Un ancien graffeur devenu stratège de la hype, qui s’est forgé une réputation d’agitateur du streetwear. Sa force ? Avoir capté l’essence de la rue tout en maniant les codes du luxe. Il impose ses règles à Nike, et non l’inverse. C’est lui qui choisit les points de vente, qui décide du teasing, qui orchestre les distributions façon guérilla marketing.
La collaboration avec la Air Max 95 est un terrain de jeu idéal pour son approche. Cette silhouette iconique, souvent associée à la culture UK grime et aux quartiers populaires de Londres, est un choix chargé de sens. Clint ne la détourne pas, il la réaffirme. Mais sans jamais basculer dans le pur hommage nostalgique. Chaque paire CRTZ est une affirmation d’indépendance, une prise de pouvoir sur l’univers ultra-codifié des collabs.
Une paire sympa… mais pas culte
C’est là que le bât blesse un peu. Si la stratégie est brillante, le résultat esthétique ne suit pas toujours. La Honey Blacks est une bonne paire, bien exécutée, avec une identité forte. Mais elle ne marque pas les esprits comme l’avait fait la Gutta Green. Elle ne crée pas non plus la surprise comme la Pink Beam. Elle surfe sur un terrain connu, sans réelle prise de risque.
L’équilibre entre noir charbon et jaune miel est agréable, mais déjà-vu. La paire s’intègre parfaitement à un outfit techwear ou une panoplie 100 % noir, certes. Mais elle ne détonne pas. Elle s’aligne. Et dans un marché saturé de collabs AM95, c’est un peu dommage. D’autant plus que cette silhouette mythique mérite mieux que d’être cantonnée à un rôle de “pièce à resell”.
Verdict : la hype, mais sans l’étincelle
La Corteiz x Nike Air Max 95 Honey Blacks coche toutes les cases de la collab réussie sur le papier : rareté, design cohérent, exécution propre. Mais elle manque de cette petite étincelle qui fait passer une bonne paire dans le panthéon des modèles cultes. Une surprise, un choc visuel. Ici, tout est trop lisse, trop attendu.
Alors oui, elle s’arrachera sur les plateformes. Oui, elle fera le bonheur des collectionneurs qui suivent la saga CRTZ depuis le début. Mais est-ce qu’elle laissera une empreinte durable dans l’histoire de la Air Max 95 ? Pas sûr.
Pour l’instant, Clint continue de régner sur son petit empire de la hype. Mais la vraie question, c’est : jusqu’où peut-il pousser la rareté sans finir par tourner en rond ?
- Modèle : Nike Air Max 95 Corteiz Honey Blacks.
- Sortie : mercredi 30 avril 2025.
- Prix : 170£.
- Article : FB2709-003.
- Couleurs : Black/Black/Tour Yellow.
- Hype : élevée.
- Où l’acheter : Corteiz.
Photos : @thatsodnyc
