L'édito

L’édito – vendre de la drogue pour s’acheter des baskets…

Par Sneakers-actus , le 3 décembre 2010 , mis à jour le 3 décembre 2010 - 5 minutes de lecture

Le psychologue Abraham Maslow a essayé de réaliser une échelle des besoins humains à l’aide d’une pyramide. Il a mis en évidence 5 besoins majeurs :

1- Les besoins physiologiques

2. Les besoins de sécurité

3. Le besoin d’appartenance

4. Le besoin d’estime

5. Le besoin de s’accomplir

La sneaker peut combler les besoins d’estime (estime de soi ou encore le fait d’être reconnu par les gens) et d’appartenance (à une communauté, en l’occurrence celle des fans de sneakers ou des sneakers addict), en fonction du milieu dans lequel vous vous situez…..  Un objet peut devenir une chose importante selon  la valeur émotionnelle qu’il possède. C’est abstrait ? Oui, mais je suis obligé de passer par là pour que vous puissiez comprendre la suite.

Dans l’univers où j’ai grandi, la basket de marque est un signe de reconnaissance.  Cela peut paraître absurde aux yeux de certains mais chaque communauté a son propre langage, ses propres valeurs et donc ses normes etc…  Je me souviens de mes années aux collèges.  Impossible de venir en cours sans une basket de marque.  Ne pas avoir une paire de Nike ou d’Adidas était le meilleur moyen d’être la risée de l’école. Bref, des vannes bien cruelles en cascade ! Donc, en portant une petite paire d’ Air Max ou de Stan Smith, on recherchait une seule chose : Exister !  Notre existence passait par la reconnaissance des gens !

L’année dernière j’ai croisé un ami d’enfance sur Paris. A ma grande surprise, il kiffe les baskets lui aussi. Franchement, c’est gars plutôt cool mais…. « Je vends de la drogue pour acheter des baskets ».  Voilà ce qu’il m’a dit…. Le choque….

Bien entendu, je ne cautionne en aucun cas son activité. Quand on attend ce genre de parole, on est aussi sonné qu’après un uppercut de Mohammed Ali ou Mike Tyson. Comment peut-on en arriver là ?  Ce n’est pas un cas isolé. En discutant avec quelqu’un j’ai appris que des gens ont commencé à devenir des dealers quand les marques ont augmenté les prix des baskets…..

Descartes disait « je pense donc je suis« . Aujourd’hui, nous devrions dire « j’ai donc je suis« . Cette quête effrénée à la reconnaissance peut nous amener très loin. L’important, c’est d’exister peu importe les moyens.  Certains diront « oui mais si tu n’as pas les moyens, tu t’en passes ». Ma mère me disait exactement la même chose lorsque j’étais enfant. Je dois dire que j’applique ce conseil jusqu’à aujourd’hui.  Malheureusement, on ne réagit pas tous de la même façon face à la pression de l’environnement. Une étude de l’Insee de 2003, analyse la perception et les conséquences des comportements intolérants. Les résultats sont plus qu’intéressants. Un tiers des personnes interrogées, ont cité au moins un motif pour lequel elles estiment avoir subi des moqueries, été mise à l’écart, traitée injustement, soit près de 15 millions de personnes parmi les plus de 18 ans.  Les moqueries et les insultes constituent la majorité des faits rapportés (57%).  La mise à l’écart a été citée par près de 16% des sondés.  Parmi les personnes qui ont été confrontés à des comportements intolérants , 39% considèrent qu’au moins l’un d’entre eux à eu des conséquences sur leur vie.   Cette étude donne un premier élément de réponse.  La théorie de jeux en donne un second.  La morale n’existe pas. L’individu choisit la solution qui lui apporte le plus d’utilité c’est à dire de satisfaction :

1- Vendre des produits stupéfiants et s’acheter des baskets = argent facile,  forte estime de soi, reconnaissance…..

2- Ne pas vendre des produits stupéfiants et donc ne pas acheter de baskets = mauvaise estime de soi, risque d’exclusion, repli sur soi….

Il va choisir malheureusement la première solution. Quand on étudiait la macro-économique, ma prof disait qu’il fallait mettre la morale de côté pour comprendre le comportement des acteurs….. Ça donne froid dans le dos. Bien sûr, je me répète en disant, que je condamne fermement le trafic de stupéfiants (il faut le dire et insister dessus pour éviter les malentendus).

Chacun à sa part de responsabilité dans cette  déviance :

– Les marques qui suscitent l’envie, la frustration, le désir à tel point qu’une personne va se comporter comme un drogué. Il ne pourra plus se passer d’une marque à laquelle il est fortement attaché.  Cette stratégie de séduction peut avoir de graves conséquences sur certaines personnes.

– Moi, vous, nous : le regard et le jugement  que nous portons sur autrui. J ‘ai un pote qui a balancé une vanne (assez misogyne) qui cible quelques  femmes   : « Tiens, ce gars est parfaitement assorti à mon sac ».  Bref, on donne de l’importance à un individu, on entretient des rapports avec lui  en fonction de sa tenue vestimentaire.

Je crois que je vous ai retourné le cerveau avec l’édito de cette semaine….

Sneakers-actus

Commentaires

Le 6 décembre 2010 à 9 h 48 min, william a dit :


a la limite " je vend de la drogue pour manger", donc pour vivre serait compréhensible, maintenant, chacun fait ce qu il veut de sa propre vie.
pour revenir au année collège, là où j étais, c' était plutôt l'inverse, un collège plutôt pauvre, et la moindre personne portant un peu trop de marque était qualifié de "bourge" et avait plus de chance de se faire racketter que les autres.
pour ma part, je fut ni le racketteur ni le racketté, mais il est vrai qu une certaine jalousie nous emparait a la moindre vue d une paire d'air max.

c est surement l une des raison qui fait qu aujourd'hui je possède au moins une paire d air max des plus classique ( a mon gout) 87, 90, BW, 95, 97, requin, mais une chose est sure, je préfère mettre mes dernier 150€ du mois dans un caddie de course que dans n importe quelle paire de chaussure, je suis pas encore du cotés obscur de la force !!!


Le 6 décembre 2010 à 14 h 01 min, admin a dit :


Ton témoignage est très intéressant. Et pour être honnête, c'est la première fois que je lis ça ! Par rapport rapport à la vente de drogue, j'ai lu dans un journal qu'il y a quelques années des femmes japonaises se prostituer pour pouvoir s'acheter du Vuitton. C'est un truc de malade !


Le 6 décembre 2010 à 14 h 16 min, william a dit :


O_O, ah oui quand meme, mais les japonaises sont hyper fan de Vuitton, j ai vu un reportage sur ça, il me semble que c est la meilleure clientèle niveau petite babiole, les porte monnaie, porte feuille etc....


Le 6 décembre 2010 à 14 h 21 min, admin a dit :


C'est un truc que je comprends pas trop, les asiatiques (sans tomber dans la caricature) aime trop le luxe !. Je crois que Vuitton fait une bonne partie de son chiffre d'affaires au Japon. D'ailleurs, ils ont pas mal souffert de la crise....